Lettre de J. M. Laffaille adressée à M. Dartigaux-Laplante, de Castelnau-Rivière-Basse (65)

Archive privée inédite

© Toute utilisation de cette transcription est soumise à autorisation

[La transcription peut comporter des erreurs]


Monsieur
Monsieur Dartigaux Laplante.
aîné
à Castelnau (rivière basse)
htes pyrénées.



Trèbons, le 17 xbre 1842.

Voilà donc l'élection terminée: Je suis heureux d'apprendre, mon cher Laplante, que vous étes resté maître du champ de bataille. j'attendais cette nouvelle avec l'anxiété d'un ami qui regrettait de ne pouvoir aider à votre triomphe autrement que par des voeux. bien qu'éloignés du lieu de la lutte, nous y avons ma femme et moi assisté de coeur. nous étions là avec l'élite de vos amis, et nous vous élevions sur le piédestal, pendant que votre compétiteur était trainé dans la boue. une chose que je regrette, c'est de n'avoir pas été témoin de la déconfiture de l'illustre juge de paix et de ses dignes acolytes. j'eusse voulu voir cet orateur d'espèce nouvelle avec sa taille aérienne et sa tournure d'apollon, s'agitter comme un furieux, se ruer à droite et à gauche et prodiguer le sarcasme et l'outrage à tous ceux qui avaient le malheur de n'être pas de son côté. le peu de succès de sa première campagne contre vous et la triste célébrité qui en résulte pour lui l'auront dégouté pour longtems; je doute même qu'il soit jamais plus tenté de revenir à la charge. la leçon a été trop forte. laissons donc gronder dans son coin ce petit Jupiter dont les foudres n'ont rien de dangereux; laissons le se consumer dans sa rage et dans son impuissance. le vote des électeurs vient d'établir entre vous et lui la ligne de démarcation qui doit éxister entre deux hommes dont l'un résume en lui tout ce qu'il y a de grand, de noble, de chevaleresque, l'autre ce qu'il y a de vil, d'ignoble et de déloyal. venons à Mr Feingéz.
J'apprends avec Peine que ce jeune homme se rend peu digne de votre recommandation qui lui a été si utile. pourquoi ne justifie-t-il pas mieux l'opinion avantageuse que j'ai cru pouvoir donner de lui sans mentir, c'est ce que je ne conçois pas. grâce à vous, il avait une position fort tenable avec la perspective d'un meilleur avenir tant pis pour lui, s'il ne sait pas l'apprécier, s'il ne fait rien pour s'y maintenir. J'ai fait part de votre lettre à Mr Castets qui est son parent et son protecteur immédiat. il lui a adressé sur le champ une verte reprimande. quant à nous nous n'avons plus à nous inquiéter de lui. J'ai fait office d'ami en vous le recommandant et je suis faché que vous ayez si mal employé votre crédit. en somme, qu'il s'arrange c'est son affaire. aide toi, le ciel t'aidera.
ma femme a été très sensible à votre aimable souvenir. comme elle ne prend pas une moindre part que moi à tout ce qui vous arrive, elle me charge de vous exprimer ses félicitations.
Mon frère, sa femme et Mr Castets ont accueilli de leur côté avec beaucoup de plaisir la nouvelle de votre élection, et vous transmettent leurs compliments.
Lorsque vous aurez occasion de voir Pauline et mon frère, veuillez leur dire que nous n'allons pas mal; que leur Gabriel surtout est brillant de santé et qu'il les réclame à tout instant; il ne vous a pas non plus oublié.
Tout ce que votre coeur vous suggérera d'affectueux et d'aimable envers les dames Naprous, veuillez le leur exprimer de notre part. elles ont aussi des droits à notre amitié. que mr naprous ne soit pas non plus oublié.
adieu, mon cher ami, puissiez vous me conserver toujours l'affection que vous me témoignez si bien et que je vous rends de grand coeur!

Tout à vous

J. M. Laffaille

J'oubliais de vous dire que Dauphole a été enfoncé par Cazaux de Campan. je crois que l'un ne vaut pas plus que l'autre.



1842
Trébons 17 xbre
J. M. Laffaille