Lettre d'Augusta Turmann adressée à Herminie Labrouche, à Saint-Jean-de-Luz (64)

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Mademoiselle H. Labrouche
St Jean de Luz
Bayonne



Langoiran 8 Avril 1853.

Pourquoi donc, chère Herminie, mon coeur qui suit le votre, depuis quelques jours, me fait il une obligation; de venir officiellement troubler, le triste receuillement d'une affreuse douleur ? Je regrette toujours dans de semblables moments, de venir payer mon tribut de regret, à des êtres, qui ne sont plus, mais dont la memoire venérée, nourrit assez l'âme de ceux qui pleurent, pour qu'ils puissent se passer de consolations amies, il est vrai, mais qui semblent alors étrangères.
Pauvre et devouée fille !.. que je vous plains, d'avoir perdu un père que son grand âge et ses rares qu'alités, avait rendu pour, vous, l'objet d'un culte particulier ... Si vous le pleurez comme fille, vous dont le devouement seul, n'eut d'égal que l'amour; laissez nous joindre nos larmes aux votres, car la perte d'un homme de bien est une calamité publique ....
Votre mère vous reste; coeur tendre et dévouée ... Et c'est sur elle, sur cette femme, d'une abnégation, à la fois si modeste et si sublime, que vous allez le porter, cette surabondance de tendresse filliale, dont vous aviez si richement entouré la belle vieillesse de votre père et de notre ami: car, je laimais, lui qui s'était montré pour moi, presqu'etrangère, si bon, si tendrement hospitalier ....
Rien, chère Herminie, ne console d'un semblable malheur, mais des larmes amies, versées sur une tombe, deviennent, pour ceux qui ont bien aimé, le pretexte dune joie amère pour vivre dans le passé et espérer dans l'avenir .....
Espérez donc, chère, vous que j'aime parceque vous êtes un coeur d'élite; espérez, car le ciel, notre commune demeure, nous garde les joies de la réunion, pour nous faire oublier les jours si tristes de labsence.
Ai-je besoin de vous dire, chère, que tous les miens se joignent à moi et sont de moitié dans mes regrets ?...
Laissez moi embrasser votre excellente mère, et me dire votre amie, car vous pleurez ....

Augusta Turmann

Je serre la main à vos frères