Lettre d'Alex. Callard adressée au major Colomès, à Aire-sur-l'Adour (40)
Archive privée inédite
- Date: 22/06/1848
- Lieu: Metz (57)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
A Monsieur
Le Major Colomès, à Aire sur l'adour
Departement des Landes
Ecrit Le 3. juillet
Malgré ma Paresse averée, Je me reprocherais fort, bien cher ami de laisser passer le jour de votre fête sans vous la souhaiter de tout coeur, bonne et heureuse. Je n'ose ajouter, exempte de soucis; car qui n'en a pas dans ces tristes moments !
Je veux du moins y joindre tous mes remerciemens, pour le bon et cordial accueil, que nous reçûmes sous votre toît si hospitalier. helas ! Il me semble qu'il y a dix ans que nous l'avons quitté, tant il s'est passé de choses depuis lors. Que ne puis-je dire, de bonnes choses: mais j'avoue que jusqu'aprésent je n'ai rien vû qui y ressemble. et Dieu veuille que tout cela n'aille pas de mal en Pis !
Metz est resté assez calme, grace à la nombreuse garnison et au peu de fabriques qui y éxistent. Toute fois il est facile de remarquer, que l'amour de la Republique, và chaque jour en s'amoindrissant surtout dans les Campagnes, où on n'entend pas raison sur le communisme et le socialisme. D'un autre côté, les grains sont à vil prix, n'ont pas de débouches non plus que les vins, ce qui n'arrange pas du tout nos Campagnards, qui néanmoins ont payé les 45 centimes, source de tant de troubles dans le Midi.
Auguste est encore detaché momentanément au Havre, Alfred à Lafere. Le General De Bouteillier a écrit au ministere pour le demander comme aide de camp. Si cela lui est accordé, Il serait fixé à Paris qu'il aime beaucoup. Je ne vous parle pas longuement d'eux persuadé qu'ils ne manqueront pas de vous écrire avec plus de détails.
Que devient l'excellent General Durieu ? Je conserve dans mon coeur une profonde reconnaissance du bon souvenir qu'il a gardé du Digne Père de mes fils. Veuillez je vous prie lui en offrir mes remerciemens, et me rappeller à celui de l'aimable madame Morland, de monsieur de madame Dumoulin, et de toutes les personnes que nous eumes le plaisir de voir chez vous dont nous fumes si parfaitement acceuillis, chose qui ne peut s'oublier.
Je suppose que vous passez une grande partie de votre temps à la campagne, et vous avez raison. C'est le moyen de vous distraire et de vous maintenir en santé. Je suis enchantée de mon éxcursion à Aire, car je puis voir d'ici les Lieux que vous habitez. mais c'est de trop loin ! Vous aurez probablement bientôt la visite de la bonne Victoire, qui doit être actuellement aux Eaux bonnes. Son Pere l'attend à Paris à la fin de Juillet.
Pour moi je suis plus récluse que jamais, j'ai tout le temps de me reposer de mes courses de l'année derniere. Depuis mon retour à Metz, je n'ai pas fait un seul Pas, hors de mon appartement, si ce n'est pour aller à l'Eglise qui est précisement à ma Porte.
Adieu cher ami, comptez toujours quoi qu'il arrive sur ma constante et sincère amitié
PS. J'ai fait mettre le 20 du courant aux Messageries Royales une petite Boëte qui doit vous parvenir en franchise, contenant quelques productions de notre pays. Veuillez la recevoir d'aussi bon coeur qu'elle vous est offerte.
Le Major Colomès, à Aire sur l'adour
Departement des Landes
Ecrit Le 3. juillet
Metz 22 Juin 1848. |
Malgré ma Paresse averée, Je me reprocherais fort, bien cher ami de laisser passer le jour de votre fête sans vous la souhaiter de tout coeur, bonne et heureuse. Je n'ose ajouter, exempte de soucis; car qui n'en a pas dans ces tristes moments !
Je veux du moins y joindre tous mes remerciemens, pour le bon et cordial accueil, que nous reçûmes sous votre toît si hospitalier. helas ! Il me semble qu'il y a dix ans que nous l'avons quitté, tant il s'est passé de choses depuis lors. Que ne puis-je dire, de bonnes choses: mais j'avoue que jusqu'aprésent je n'ai rien vû qui y ressemble. et Dieu veuille que tout cela n'aille pas de mal en Pis !
Metz est resté assez calme, grace à la nombreuse garnison et au peu de fabriques qui y éxistent. Toute fois il est facile de remarquer, que l'amour de la Republique, và chaque jour en s'amoindrissant surtout dans les Campagnes, où on n'entend pas raison sur le communisme et le socialisme. D'un autre côté, les grains sont à vil prix, n'ont pas de débouches non plus que les vins, ce qui n'arrange pas du tout nos Campagnards, qui néanmoins ont payé les 45 centimes, source de tant de troubles dans le Midi.
Auguste est encore detaché momentanément au Havre, Alfred à Lafere. Le General De Bouteillier a écrit au ministere pour le demander comme aide de camp. Si cela lui est accordé, Il serait fixé à Paris qu'il aime beaucoup. Je ne vous parle pas longuement d'eux persuadé qu'ils ne manqueront pas de vous écrire avec plus de détails.
Que devient l'excellent General Durieu ? Je conserve dans mon coeur une profonde reconnaissance du bon souvenir qu'il a gardé du Digne Père de mes fils. Veuillez je vous prie lui en offrir mes remerciemens, et me rappeller à celui de l'aimable madame Morland, de monsieur de madame Dumoulin, et de toutes les personnes que nous eumes le plaisir de voir chez vous dont nous fumes si parfaitement acceuillis, chose qui ne peut s'oublier.
Je suppose que vous passez une grande partie de votre temps à la campagne, et vous avez raison. C'est le moyen de vous distraire et de vous maintenir en santé. Je suis enchantée de mon éxcursion à Aire, car je puis voir d'ici les Lieux que vous habitez. mais c'est de trop loin ! Vous aurez probablement bientôt la visite de la bonne Victoire, qui doit être actuellement aux Eaux bonnes. Son Pere l'attend à Paris à la fin de Juillet.
Pour moi je suis plus récluse que jamais, j'ai tout le temps de me reposer de mes courses de l'année derniere. Depuis mon retour à Metz, je n'ai pas fait un seul Pas, hors de mon appartement, si ce n'est pour aller à l'Eglise qui est précisement à ma Porte.
Adieu cher ami, comptez toujours quoi qu'il arrive sur ma constante et sincère amitié
Alex. Callard |
PS. J'ai fait mettre le 20 du courant aux Messageries Royales une petite Boëte qui doit vous parvenir en franchise, contenant quelques productions de notre pays. Veuillez la recevoir d'aussi bon coeur qu'elle vous est offerte.