Lettre de M. Castéra adressée à M. Colomès, major du régiment en garnison à Sedan (08)
Archive privée inédite
- Date: 18/01/1823
- Lieu: Aire-sur-l'Adour (40)
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A Monsieur,
Monsieur Colomès,
chevalier des ordres royaux,
Major du régiment en garnison.
à Sedan.
Aire, ce 18 janvier 1823.
La nouvelle de votre promotion au grade de Major, mon cher Colomès, ne pouvoit être donnée à personne, qui en eût plus de joie, que moi. Cependant cette joie n'est pas tout-à-fait pure, elle est un peu troublée par l'idée, que ce nouvel honneur va vous tenir éloigné de nous, plus long-temps que nous ne pensions. Mais enfin, il faut bien savoir sacrifier, pour l'avantage de ses amis. Ne m'en voulez pas, si je viens bien plus tard, que je n'aurois désiré, vous exprimer ces sentiments du plus vif intérêt, que je prends à tout ce qui peut vous arriver d'heureux. Ma santé n'est pas cette fois d'accord avec mon coeur, elle se sent de l'âge, depuis un an je suis très-sujet à des maux de tête, qui me font souffrir à un point, que je suis incapable de toute application.
puisqu'il faut renoncer à l'espoir, que nous avions, de vous posséder cette année pour tout-à-fait, il faut nous procurer un dédommagement de cette perte, en venant nous faire une visite d'un long congé. On vous doit en conscience un bon semestre, depuis tant de temps, que vous n'ètes pas venu nous voir; et après une tâche aussi longue et aussi assujétissante que vous venez de remplir; c'est une récompense, que votre colonel qui vous aime tant, et avec tant de raisons, vous fera accorder, je n'en doute nullement. Alors, nous aurons bien plus de plaisir d'aller déguster votre bon vin, haller fait bien de son mieux, pour bien recevoir vos amis, mais un valet, avec la meilleure volonté du monde, ne remplace jamais bien son maître, et surtout un maître, comme vous, qui ne savez que combler vos convives.
Mlle Aglaé, sensible à votre précieux souvenir, vous réserve quelques plats de sa façon, ou pour mieux dire, de la façon du cuisinier royal, qu'elle étudie assez assidûment, et ces plats, nous les arroserons du vin de quatre ans de la cigale, que vous trouverez avoir bien gagné, depuis votre dernier voyage ici. à ce propos de vin, je vous dirai en réponse à votre question à ce sujet, que cette denrée a pris peu de faveur, les bruits de la guerre, et la proximité d'un cordon assez considérable ne nous procurent aucun débit, les vins au contraire sont à très-bon marché.
je pense, comme vous, qu'il est maintenant bien décidé, que le siège de l'évêché du Département, va être fixé irrévocablement à Aire, au moins se prépare-t-on ici à de grands sacrifices, pour recevoir dignement Mr l'évêque, je ne vous parlerai pas de tous ces préparatifs, parce que j'imagine que vos autres correspondances vous auront mis au courant.
Je finis, mon cher Colomès, en vous rendant souhaits, pour souhaits à l'occasion du renouvellement de l'année, et en vous assurant que je ne serai pas moins votre ami en 1823, qu'en 1822.
Monsieur Colomès,
chevalier des ordres royaux,
Major du régiment en garnison.
à Sedan.
Aire, ce 18 janvier 1823.
La nouvelle de votre promotion au grade de Major, mon cher Colomès, ne pouvoit être donnée à personne, qui en eût plus de joie, que moi. Cependant cette joie n'est pas tout-à-fait pure, elle est un peu troublée par l'idée, que ce nouvel honneur va vous tenir éloigné de nous, plus long-temps que nous ne pensions. Mais enfin, il faut bien savoir sacrifier, pour l'avantage de ses amis. Ne m'en voulez pas, si je viens bien plus tard, que je n'aurois désiré, vous exprimer ces sentiments du plus vif intérêt, que je prends à tout ce qui peut vous arriver d'heureux. Ma santé n'est pas cette fois d'accord avec mon coeur, elle se sent de l'âge, depuis un an je suis très-sujet à des maux de tête, qui me font souffrir à un point, que je suis incapable de toute application.
puisqu'il faut renoncer à l'espoir, que nous avions, de vous posséder cette année pour tout-à-fait, il faut nous procurer un dédommagement de cette perte, en venant nous faire une visite d'un long congé. On vous doit en conscience un bon semestre, depuis tant de temps, que vous n'ètes pas venu nous voir; et après une tâche aussi longue et aussi assujétissante que vous venez de remplir; c'est une récompense, que votre colonel qui vous aime tant, et avec tant de raisons, vous fera accorder, je n'en doute nullement. Alors, nous aurons bien plus de plaisir d'aller déguster votre bon vin, haller fait bien de son mieux, pour bien recevoir vos amis, mais un valet, avec la meilleure volonté du monde, ne remplace jamais bien son maître, et surtout un maître, comme vous, qui ne savez que combler vos convives.
Mlle Aglaé, sensible à votre précieux souvenir, vous réserve quelques plats de sa façon, ou pour mieux dire, de la façon du cuisinier royal, qu'elle étudie assez assidûment, et ces plats, nous les arroserons du vin de quatre ans de la cigale, que vous trouverez avoir bien gagné, depuis votre dernier voyage ici. à ce propos de vin, je vous dirai en réponse à votre question à ce sujet, que cette denrée a pris peu de faveur, les bruits de la guerre, et la proximité d'un cordon assez considérable ne nous procurent aucun débit, les vins au contraire sont à très-bon marché.
je pense, comme vous, qu'il est maintenant bien décidé, que le siège de l'évêché du Département, va être fixé irrévocablement à Aire, au moins se prépare-t-on ici à de grands sacrifices, pour recevoir dignement Mr l'évêque, je ne vous parlerai pas de tous ces préparatifs, parce que j'imagine que vos autres correspondances vous auront mis au courant.
Je finis, mon cher Colomès, en vous rendant souhaits, pour souhaits à l'occasion du renouvellement de l'année, et en vous assurant que je ne serai pas moins votre ami en 1823, qu'en 1822.
Castéra.