Lettre de M. Darréguy Saint-Cricq adressée à M. Forestier, juge de paix du canton de Pouillon (40), à Habas (40)

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à Monsieur Forestier
juge de Paix du canton de Pouillon
à Habas
par Dax, Landes



Sauveterre le 23. Aout 1842

je ne te dirai pas mon cher ami, tout le plaisir que nous a fait ta derniere lettre. il est de ces sentimens qu'on ressent beaucoup mieux qu'on ne sauroit les dire. entr-autres exemples je te citerai celui de l'impression que nous a fait la nouvelle que tu me donne. a sa lecture ma femme et moi, nous nous sommes embrassés avec emotion, et elle m'a chargé de te le dire, pour que tu jugea mieux, de tout l'interet que nous portons, à ce grand acte de la vie de votre chere Ernestine, et au bonheur que vous en esperez tous. nous faisons des voeux ardens et sinceres pour que la providence realise toutes les esperances que semble vous promettre le choix que vous avez fait pour Ernestine. la dose de tes souffrances morales a été assez forte pour qu'enfin tu voye des jours sereins, en etant temoin du bonheur de tes enfants. oui, mon cher ami j'irai partager avec toi celui que vous aurez tous, le jour ou vous confierez votre fille a l'homme qui par ses avantages a sçu vous inspirer tant de confiance. je comprends autant que qui que ce soit, combien la perspective de voir sous peu votre fille resider a Habas a du entrainer votre détermination, et aussi, l'indigeneité du gendre que vous vous donnez. les sujets exotiques réussissent Rarement. j en ai fait l'experience
ma femme me charge de te dire, qu'elle te remercie du desir que tu aurois eu de la voir assister au mariage de ta fille; qu'elle comprend trés bien les raisons qui t'empechent de le lui demander. elle n'y assistera pas moins par le coeur et la pensée et elle me chargera de vous en donner l'assurance en vous embrassant pour elle.
jai communiqué ce matin même, ta lettre aux habitans d'Aycirits qui sont venus dejeuner avec nous, et qui sont partis par la diligence Pour Biarits, excepte prosper, qui est revenu a ses champs. tout ce monde partage votre satisfaction et m'a bien recommandé de ne pas te le laisser ignorer, de plus ils vous font leur complimens & vous disent mille choses affectueuses. Nays aussi te remercie de la communication que tu m'a chargé de lui donner et te fait son bien sincère compliment
je savois mon cher ami que tu avois été voir ma fille, mais elle ne m'avoit rien dit du but de ta visite, de sorte que ta lettre a eu pour nous tout le merite d'une nouvelle trés interessante. mais en regardant la suscription de cette lettre, nous avons été bien étonné, qu'elle eut par son affranchissement et sa date le caractere d'une lettre de faire part. son objet, étoit d'un assez grand interet pour nous, pour que nous n'eussions certainement pas rechigné a en Payer le port. ta lettre est datée du 17. et nous ne l'avons reçu que le 22.
nous avions l'intention ma femme et moi de partir vendredi ou samedi prochain pour mouguerre, pour reprendre mes travaux du moulin suspendus forcément par suite des orages que nous eumes il y a une 20ne de jours. mais ceux qui durent depuis dimanche dernier, me font apprehender que je ne puisse les continuer encore de quelque temps. je vais attendre une lettre de ma soeur, qui me fixera la dessus, avant de partir. je te donnerai avis de mon arrivée à mouguerre, ou jai donné aussi la nouvelle du mariage de ta fille, et ou elle sera reçue avec interet.
adieu mon cher ami, nous te renouvellons, ma femme et moi dans cette circonstance l'assurance de notre vive et sincere amitié, et te chargeons d'embrasser Ernestine pour nous, en lui disant combien sont vrais et tendres les voeux que nous adressons au ciel pour son bonheur. ne nous oublie pas non plus auprés de Mme Forestier qui a une part à tous nos sentimens pour toi mille amitiés a Amedée, hommage et complimens de toute espece à Mmes talamon et talet adieu ami

Darréguy St cricq