Lettre de F. adressée à M. de Barbotan, à Pau (64)

Archive privée inédite
  • Date: 25/12/1811
  • Lieu: Paris (75)

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a Monsieur
Monsieur de Barbotan
à Pau Basses-Pyrenées.



Paris ce 25 xbre 1811.

c'est apres demain que je quitte Paris, mon cher ami, et je veux t'ecrire avant de partir afin que cette lettre reste en route moins long temps que celles de cet hyver, qui comme tu le sais, ont bien de la peine à faire le trajet d'auvergne en Bearn. reponds moi cependant le plustot que tu pourras ches ma fille, pour m'apprendre que ton Rhumatisme a cessé de te faire souffrir. ces sortes de maladies n'ont rien de dangereux, mais il est cruel d'etre exposé à des douleurs qui reviennent aussi frequemment. malheureusement il n'y a jusqu'a present aucun remede bien connu. celui de Pradier, dont j'ai vu quelques bons effets pour la goute, ne passe pas pour avoir la même efficacité pour les rhumatismes. j'ai lu dans les voyages du Capitaine Cook, qu'il avait été gueri par des femmes des îles de la mer du sud, qui l'avaient massé violement pendant trois heures. mais peut etre trouveroit on difficillement en france des gens capables de faire cette operation, qui devait etre asses douloureuse, puisque les chairs etoient tout à fait ramollies.
je serai de retour ici sans faute au plus tard à la fin de mars, et tu seras alors à temps de m'envoyer le mandat de M. de gontaut. dans les 261lt 13s que tu me dois sont compris les fleurs et l'huile de Made d'arboucave. je ne t'ai pas abonné au journal des modes, parceque sur l'observation que j'ai faite de l'inexactitude des envois, non seulement on m'a repondu, comme l'année derniere, que c'etait la faute de la poste, mais on m'a prié de ne pas prendre d'abonnement, parceque, s'il avait manque vingt exemplaires l'année derniere, il en manqueroit trente peut etre cette année. comme tout cela s'est passé fort honnetement entre nous, je croirais aisement que cette entreprise tire à sa fin. dailleurs on n'avait pas les numeros de la fin de 9bre qui te manquent. si cependant tu veux en courir les risques, mandes le moi, et je chargerai quelquun de faire tout de suite ton abonnement.
nous ne savons pas trop encore ici ce que c'est que l'hyver. seulement beaucoup de brouillards et un peu de pluie. on dit meme que les blés sont si avancés, que la gelée sans neige leur ferait beaucoup de mal. pour moi qui n'ai pas de blé à soigner, je souhaite que ce temps-là dure encore huit jours pour mon voyage, et puis je m'abonne à toutes les rigueurs de la saison.
adieu, mon cher ami, je souhaite à ta famille et a toi tout le bonheur que vous meritez, conserves moi toujours un amitié dont je sens tout le prix, et toi regarde moi toujours comme le meilleur de tes amis

F