Lettre de M. Dupont aîné adressée à M. Fourcade, à Bayonne (64)

Archive privée inédite
  • Date: 11/03/1837
  • Lieu: Tartas (40)

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Monsieur
Monsieur fourcade
Rue mayou
Bayonne



Rep le 15

Tartas 11. mars 1837.

Mon cher monsieur,

j'ai reçu la lettre que vous avez eu la complaisance de m'écrire le 8 du courant. je l'ai communiquée à mon frère. Nous n'avons pas été surpris de la triste nouvelle qu'elle annonçeait. Les infirmités, sur-tout l'âge avancé de notre tante Rigal ne pouvaient faire espérer de la conserver beaucoup plus long-tems,
je comprends que vous aussi avez été malade. sans doute, vous avez payé votre tribut à l'affection regnante, à l'épidémie généralem répandue dans ce moment dans toute la france. peu y échappent. j'ai reçu ces jours derniers une Lettre de Bordeaux; on me marque que tous les spectacles sont fermés. L'hôpital contient neuf cents et plus de malades. La foire a été fort mauvaise. en un mot presque tout Bordeaux est au lit.
je passe moi-même mon hiver bien tristement. en proie depuis près de trois mois à une affection rhumatismale, je ne puis faire nul exercice. je suis obligé de garder presque constam la maison. vous comprenez combien cela me dérange pour mes affaires.
je vous remercie en mon particulier, mon cher monsieur, des avances que vous voulez bien faire pour la subsistance des personnes qui occupent la maison de la tante. ce sera porté en compte.
Vous me demandez si j'irai à Bayonne et quand j'irai ? je ne puis aujourd'hui être fixé à cet égard. mon état de souffrance ne me le permet pas. d'autre part, je vous avoue franchement qu'avant de me mettre en route, nous désirons mon frère et moi connaître un peu l'état des affaires de la succession. nous désirons connaître les dispositions testamentaires de la défunte. Libre de son Bien, elle a pu en disposer en faveur de quelque personne étrangére à la famille. au plus favorable, avec la trempe de son esprit, elle a dû léguer aux prêtres, aux églises &ce une grande partie de la petite fortune qu'elle a laissé.
en y réfléchissant un instant, vous ne devez pas être surpris que nous soyions bien aise, avant de paraître, d'être un peu au courant. vous devez le désirer aussi de votre côté, si déjà vous n'êtes informé.
D'après cette explication, mon cher monsieur, il me paraît qu'il est de notre intérêt réciproque que vous eussiés la bonté de lever, en qualité d'un des héritiers, le testament de feu made Rigal. vous n'ignorez pas, je pense, le nom du notaire qui en est détenteur. une fois levé, obligez-nous d'en faire tirer une copie sur papier libre et de vouloir nous l'adresser. Il va s'en dire que tous les co-héritiers intéressés contribueront chacun de leur côté aux frais de la levée du dit testament.
je présume qu'on a mis le scellé à chaque appartem de la maison -
ayez l'obligeance de me rappeler dans le bon souvenir de mr Dhiriart. je desire bien que la grippe ne l'atteigne point, ni lui ni sa famille. ici elle nous prend à la gorge et nous enchaîne au lit pendant 7 à 8 jours: mais personne ne succombe.
nos dames vous offrent leurs civilités affectueuses, mon fils son respect.
je vous renouvelle, mon cher monsieur, l'expression de mon entier dévoûment.

Dupont aîné

je n'oublie pas mr votre fils.