Lettre de Mme H. née D. adressée à Félix Hontang, à Bordeaux (33)

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A Monsieur
Monsieur Félix hontang
rue St Dominique N° 7
à Bordeaux



St Sever ce 4 avril 1825

C'est le jour même que je reçois ta lettre dattèe d'hier, que je prends la plûme pendant que lon fait course pour cèlèbrer le lundy de paques, je vais menpresser mon cher felix de te rèpondre, tu vois bien que je ne veux pas te faire attendre, jaurois ètè fachèe que tu eus laisser passer plus que la quinzaine sans ètre exact a nos conventions, j'ai vû avec plaisir que tu avois bien calculè, et que tu navois pas laissè passer lèpoque, dèjà plusieurs fois nous avions esperè recevoir de tes nouvelles, depuis le dèpart de Lalande, nous pensions que tu nous aurois marquè si cette fois tu avois trouver a faire lachat des robes, nous disions bien, si tu navois plus trouvè lètoffe que tu nous en aurois instruits, enfin quelque fois on se disoit, il nècrit pas par ce qu'il mettra dans le pacquet la lettre et cela va arriver de lune diligence à lautre rien de tout cela na pas eu lieu, et nous voyons que tu ne les enverras que vers le quinze il ny a pas grand mal a ce retard, mais cependant je tobserve qu'il ne faudra pas le prolonger par ce que ces Delles sont un peu impatientes de voir leur toilette, et que le jour de la nôce est fixè au 26, et par ce qu'enfin Lucine ne fera sa robe que lorsqu'elle aura vû les autres, tu auras donc soin de prier cette couturiere de ne pas manquer de parole pour que tu puisse les faire partir au moins pour le 15 tu joindra comme il est convenû le fil plat et les lunettes de papa grand, je crois même que je te donnerois dici là dautres commissions pour le compte de Mme Dufourc elle est allèe aujourd hui a la campagne voir ces soeurs, et ce nest qu'à son retour qu'elle doit me prier de te donner qu'elques affaires je prèvois que cela ira a samedy qui sera le 9 elle doit faire faire des emplettes a Bordeaux elle doit sadresser a une Demoiselle qui est une connoissance de ses soeurs, tu devra retirer ce dont on te chargera et lenvoyer avec nos effets, elle contribuera au fraix, elle desire que tu payes ces objets, et je compte que tu pourra ètre presque a fond de calle, de sorte que jaurois soin en tècrivant samedy de te faire lenvoy d un effet que Mr Samara doit me fournir, afin que tu puisse faire honneur a tout ce dont on te chargera, tu vois bien ma prèvoyance ordinaire je naime pas que tu sois dans lembarras, mais jaime bien aussi qu'on soit de même a mon ègard, et puisque un petit reproche se trouve au bout de ma plume, il faut bien qu'il en parte, oui jai vû avec grand plaisir que tu navois pas manquè de nous ècrire, mais jai reconnu que ta lettre avoit ètè faite bien a la hâte, et seulement pour remplir un devoir, tandis mon cher ami que je voudrois toujours des longues lettres et des dètails, que tu trouverois jen suis sure de la satisfaction a nous donner si tu ne renvoyois toujours suivant ta mauvaise habitude a te mettre a ècrire qu'au dernier moment et alors tu te presse, et tu ne dis presque rien, prends en bonne part ce que je te dis et prouve le moi en ècrivant a lavenir d une maniere plus dètaillèe, crois tu que je naurois pas desirè de sçavoir (je tavois même demandè de me le dire) si ton logement de la rue du Palais galien tavoit de beaucoup èloignè de Mr Beauvais? si tu les voyois aussi souvent? chez quelles gens tu ètois? combien tu payois de cette chambre? si tu ètois logè avec les Mrs Labernardine? tu nas jamais dit mot et aujourd hui tu nous annonce un changement de Domicile, cela me fait voir que tu nètois pas bien, je te prie de me donner quelques explications sur ton logement de la rue Courbin, je tassure que je regrette que tu ais quittè la rue Crèon, et sur tout si tu tais èloignè du Palais royal et que cela fasse que tu aille moins chez nos bons parents rassure moi sur tout ceci mon bon ami, et sur tout je te prie en grace de ne pas diminuer tes visites chez le bon Mr Beauvais, jai ètè bien surprise de voir que Lalande se soit arrètè a Bordeaux il paroissoit qu'il ètoit pressè de se rendre, tu ne me dis pas si cest pour son plaisir qu'il y a sèjournè ou manque de place pour partir, je le trouve bien complaisant de partager ainsi ton lit, Daprès ce que tu me dis du nouveau contrôleur de Lesparre, il paroit qu'il etoit bien plus ancien que toi, ainsi tu navois pas des plaintes sur un passe droit, je suis bien surprise qu'il se soit mis dans cette partie après avoir ètè reçu avocat je tassure que depuis lespèrance qu'on nous a donnè que tu serois bientôt nommè je trouve le temps très long, il me semble que les mois sont des annèes, prenons encore patience puisqu'il le faut, dis moi a quelle èpoque tu crois toucher lindemnitè qui tètoit encore dûe il faudroit bien que cela put tamener au bout, je nai pas besoin de te recommander laconomie, tu sçais bien que nous faisons beaucoup de dèpenses, et que nous navons pas des grands profits, le parc est tout a fait baclè, mais ton pere est très occupè pour les compter, il ne tècrira donc pas encore d aujourd'hui, je vois que Mr galatoire sest empressè de te faire part de la reception du travail des perceptions il men donna aussi avis de suite, je lui rèpondis pour lui tèmoigner le plaisir que javois eu d apprendre que Lafont ètoit placè, que jètois aussi contente de sçavoir que nous navions rien a redouter, mais que je navois jamais eu la moindre inquiètude a ce sujet, tu parois ètonnè qu'il te reproche un peu de nègligence mais je dois te dire que c est avec raison, puisqu'il est vrai que quoique tu lui eus ècrit deux fois tu ne lui avois pas donnè les renseignements dont il tavoit chargè sur glaces et autres choses, je te disois même dans ma dre par Lalande que tu devois ten occuper de suite par ce que Louise naimoit pas qu'on loubliat, et malgrè mon memento je vois que tu avois perdu cela de vûe, il a donc raison de trouver que tu as mis de la nègligence à lobliger, je pence que tu vas tâcher de texcuser du mieux que tu pourras et que tu vas rèparer de suite ton omission, en lui ècrivant dès ton retour de cadillac qui sera au moins demain, tu auras donc passè les fêtes de pâques en partie, je crains bien que tu nais pas commencè par remplir le prèmier devoir dentendre la messe jaurois vû avec plaisir que tu me dis que tu allois commencer par là avant dentrer dans le Bateau tu sçais bien que je ne manque pas dindulgence, mais mon ami, noublions pas avant toute chose que nous sommes chrètiens, comme toujours ce prècieux souvenir dans ton coeur, et que tes actions soit toujours conformes a ces sentiments, tu seras heureux et tu feras la fèlicitè de tes bons parents qui taiment bien tendrement, tout a toi

h nèe D

5 avril
tu joindras a ton envoy 6 cordes de guitarres pour Lucine 3 mi et 3 si, chanterelle Mme Durrieu est arrivèe hier soir venant Dorthès ou elle a ètè faire ces paques, elle restera avec nous jusqu'à jeudy soir, elle compte Thèodore rendu a montpellier le petit allemand de mugron que tu as vû ici, doit ètre a Bordeaux, je lui avois donnè ton adresse, a la rue galien, il est probable qu'il ne taura pas rencontrè papa grand tembrasse de mème que tes soeurs, charles, Caroline, les Delles marras et nos parents et amis me chargent de te dire mille choses



du 4 avril 1825