Lettre de M. Francine adressée à P. Ducournau, à Montfort-en-Chalosse (40)

Archive privée inédite
  • Date: 09/08/1826
  • Lieu: Paris (75)

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Monsieur
Monsieur Pe Ducournau
Monfort par Dax
Dépt des Landes




Paris 9. Août 1826.

J'ai sous les yeux, mon cher Ducournau, votre lettre du 28. du passé, qui en renfermait une de Dolores pour Henri. Je la lui ai faite passer. Il nous a déjà envoyé la réponse, que vous ne trouverez pas ci-joint, parceque sa rédaction ne me paraît pas bonne, & qu'elle renferme des fautes d'orthographe trop grossières; il est bon qu'il connaisse le motif pour lequel je ne lui ai pas donné cours. Nous irons le voir un de ces jours, pour l'inspecter, & Jenny examinera bien ses dessins afin que nous puissions savoir s'il y a fait des progrès. A vous dire vrai, je ne m'en rapporte pas entiêrement à tout ce qu'il nous dit, & quoi que j'aie la plus grande confiance dans l'homme persécuté par Viruez, je veux couler un peu la chose à fond; ma première vous fera connaître le résultat de mes observations. J'écrivis quelques lignes le 5. du Ct à Mr Ch....... pour lui faire quelques questions, en lui remettant la lettre pour Henri; il ne m'a pas encore répondu. Je ne trouve pas cet homme aussi conséquent que je le desirerais.
Malgré que Mr Sanlot soit rarement à Paris, depuis qu'il a sa famille à la campagne, où sa fille, âgée de 13. ans, est atteinte d'une maladie très grave, je l'ai encore vu hier à l'occasion de notre affaire de Roure. Il avait commencé à vous écrire de sa propre main pour vous faire connaître l'état de la réclamation; mais comme il ne reste en ville que deux ou trois hs, & qu'il est assailli à chaque instant, il n'avait pu finir sa lettre; il est probable que vous la recevrez en même temps que la présente, ou par le prochain courrier. En attendant, je dois vous prévenir qu'on a trouvé convenable de ne pas remettre votre lettre à Mr Habas, parceque comme il a reconnu la dette & le bien être du document en question, objets sur lesquels il n'avait cessé de lever des difficultés, on pourra le presser avec moins d'inconvénient; mais, comme vous lui dites que vous vous en rapportez entièrement à ce que feront Mrs Baguenault & Cie, & que d'un autre côté votre lettre ne présente pas un ton assez sévère, Mr Habas pourrait reprocher à ces Mrs de vouloir l'être plus que vous à leur égard. Mr Habas a fait une proposition dont Mrs Baguenault & Cie doivent vous faire part; je la crois acceptable, toutefois que nous ne soyons pas exposés à perdre notre droit de poursuivre par saisie, &a. Il paraît que Mr Habas (quoiqu'il manque de moyens de s'acquitter dans ce moment) pourra le 1er Janvier, prendre des engagemts qu'il aura la possibilité d'acquitter successivement.
J'attends votre réponse au sujet du domaine de St Geours. Je vous répette que je suis décidé à en faire l'acquisition, si son produit annuel est satisfaisant: comme dans ce cas je le paierais comptant, ou sous excompte, s'il y a des termes, ce sera une raison pour l'avoir le meilleur marché possible.
On vient de me dire que vous voulez vendre votre domaine de Hou; j'ai peine à le croire. Il paraît qu'il se présenterait un acquéreur. Dites-moi, je vous prie, s'il y a quelque vérité dans ce qu'on m'a dit.
Loin que L'expédition contre la Havane ait lieu, une forte escadre espagnole, commandée par l'amiral Laborde, a porté l'épouvante dans les ports de Carthagène & Sta Marta. La plus grande tranquillité règne à L'Ile de Cuba.
Je demeure prévenu de ce que vous me dites sur le compte de Roman; je desire de tout mon coeur qu'il réussisse. Je voudrais bien savoir ce que la succession pourra toucher de Sonnet Bernis & Cie
Les affaires vont très mal par ici. Un agent de change a pris la fuite, il y a quelques semaines, laissant un grand déficit, & un caissier de Mr Rochild a été condamné à huit ans de réclusion, & à une heure d'exposition, pour avoir soustrait un million 600, 000 fs. de la caisse. On ne peut plus se confier qu'à la terre, elle produit toujours quelque chose. Il paraît que L'affaire de Cor & la Rigaudelle est considérable. Nous l'avons échapée belle.

Je vous Embrasse tous affectueusemt

Francine

P. S. Je viens de voir Mr David au sujet de vos glaces. Il ne cesse de harceler le marchand, qui lui a promis de les emballer cette semaine. Il faut espérer qu'il lui tiendra parole.



1826
Francine
repdue le 22 aout do