Lettre de Guadeloupe adressée à Henriette d'Olce, à Biarrotte (40)

Archive privée inédite
  • Date: 20/04/1846
  • Lieu: Bayonne (64)

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Mademoiselle Henriette d'Olce
Biarrotte



Bayonne le 20 avril 1846.

Je suis presque confuse, voilà près d'un mois que votre lettre m'a été remise, ma bonne amie, et cette lettre si affectueuse ne méritait pas un si long silence avec raison vous me croiyez à Bourgos, ma soeur m'a dit que vous assuriez a madame de Lalande que je n'étais pas en ville et ainsi j'ai été privée du plaisir de vous voir, et j'aurais dû ne pas vous laisser attendre tant de temps mes griffonnages, mais soyez assurée que j'ai été je ne sais comment occuppée que sans rien faire je n'ai pas trouvé le temps de vous ecrire a Henriette de Baillenx il y a plus de deux mois que je ne lui avais rien dit et cependant je vous aime bien, mais vous le savez les visites et puis la semaine sainte les sermons du carême, tout cela prend du temps et on arrive au soir sans s'en douter.
Notre station de Carême n'a pas été goutée par beaucoup de personnes, Monsieur Minjoulet n'ayant pas de voix et ne prechant pas à la mode la cathedrale etait a peu près deserte et cependant ce bon monsieur disait de fort jolies choses, mais que faire patience. Le jour de Paques Monseigneur a parlé a son peuple et n'a pas été long du reste a l'eglise il ne s'est rien fait que comme a l'ordinaire exepté pourtant qu'on a chanté le regina comme les jours ordinnaires et que j'ai été desapointée lorsque je l'ai entendu car je l'attendais fort beau mais sans doute les messieurs du Seminaire ont tout reservé pour chez eux.
Le mois de Mai je pense nous le passerons tout ici mais je ne sais si cet été nous ne ferons une absence car notre voyage décidé et presque fait n'eut pas lieu le mois dernier a cause du froid qu'il faisait en route mon frère Jean fut seul voir Felipa et nous nous contentâmes de lui écrire mais je ne sais si jamais j'irai en Espagne je crois que Dieu ne veut pas que je quitte la France car toutes les fois qu'il s'agit pour moi d'en franchir les frontières il y a quelque obstacle qui survient a ma grande joie Les Espagnols m'en veullent presque mais je leur dis franchement que pour moi c'est un sacrifice de quitter la France même pour quelques jours. Mais s'il me faut m'éloigner pour peu de temps de vous, Henriette, soyez assurée que les nouvelles connaissances ne feront qu'augmenter l'affection que j'ai voué a mes compagnes de Ste Ursule et que je n'oublierai jamais que vous m'aidâtes a revenir à Dieu vous vous le rappellez après Dieu vous êtes celle a qui je du mon premier huit et les soins que vous me prodiguates sont graves dans [m... manque] en caractères qui dureront autant que [ma... manque]

A vous toujours et de coeur

Guadeloupe