Lettre de J. Guiraud adressée à Adrien Chauton, à Saint-Geours-d'Auribat (40)

Archive privée inédite
  • Date: 07/11/1860
  • Lieu: Lavaur (81)

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Monsieur Chauton Adrien
Par à St Géours d'Auribat
Par Monfort en Chalosse, et Poyanne
Landes



TRÉSOR PUBLIC.
Mr A. Descat,
Receveur Particulier
des Finances.
CABINET.
Lavaur, le 7 novembre 1860
Mon cher ami,

Depuis bien longtemps, je te dois une réponse, et je puis dire que ce n'est pas ma faute, si tu ne l'as pas deja reçue: depuis ma dernière lettre bien des choses se sont passées M Descat, mon receveur parter, a comme je te l'ai dit donné sa démission; pour l'arrivée de son successeur, j'ai eu un travail énorme j'étais très souvent au bureau à 7 heures du soir, et je continue à y rester jusqu à cette heure la.
mon nouveau chef, est très sévère, mais très bon enfant; il veut que tout marche en règle, mais je lui passe cette exigence, parce qu'il est bon. je suis son caissier depuis le 1r de ce mois, et je serai bientot son fondé de pouvoirs; tout cela est fort bien, mais les appointements ne sont pas tout à fait à ma convenance. je n'ai que 1,200f. je n'ai donc qu'une augmentation de 200f sur mon traitemt precedt mais j'ai au moins deux fois le travail que j'avais alors. tu dois te rappeler que nous étions 3 au bureau; je suis maintenant seul les deux autres employés sont partis, l'un pour revenir à la sous préfecture, ou il etait employé l'autre professeur d'ecriture au séminaire. bref, je ne suis pas mécontent de mon nouvel emploi cela me mettra plus en évidence que je ne l'etais étant simple employé, et quand je demanderai une perception on saura que j'existe, tu vois mon cher ami, à quoi mène la persevérance, voila 4 ans il est vrai que je trime pour en arriver à gagner 1,200f, mais dans un an d'ici, je serai à même de gagner 2,000f, et si je n'etais pas aussi jeune que je le suis, car je n'ai guère plus de 21 ans, je ne me serai pas contenté de ce que je gagne.
et toi, que deviens tu ? tu dois engraisser à vue d'oeil, car je suppose que le travail ne te maigrit pas. Charles, est il toujours à Bordeaux, un des jeunes gens que tu as vu a lavaur avec moi, est parti ce matin, pour y faire son stage dans une pharmacie. si ton frère est toujours rue montesquieu n° 3 je pourrai lui recommander cette adresse, et ils feront connaissance. la vie de lavaur est toujours la même. je chasse très peu je n'ai pas le temps, je ne vai pas au cercle, enfin je ne fais rien comme les autres, je regrette de ne t'avoir occupé que de moi dans ma lettre, mais je n'ai pas la place de t'entretenir sur un autre chapitre; je n'ai pas d'enveloppe, et je suis obligé de me servir de la dernière page pour l'adresse. adieu cher ami ecris moi plus souvent que je ne le fais moi même,

ton devoué

J. Guiraud