Lettre de M. Haranboure adressée à M. Labrouche, à Paris (75)
Archive privée inédite
- Date: 28/11/1834
- Lieu: Saint-Jean-de-Luz (64)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
Monsieur
Monsieur J. Labrouche
rüe & hôtel Ventadour,
Paris
Mon cher Labrouche, hier, ma soeur a recu une lettre de Paris, dont la lecture l'a terrifiée: elle est de Mr Merimée qui lui fait part de vos affaires avec lui, et lui apprend que sans un envoi de fonds immédiat, vous êtes à la veille d'éprouver le plus grand désagrement. Jugez de l'impression qu'a du faire sur Pauline, une pareille nouvelle, et de nos craintes sur les suites qui peuvent en resulter: son embarras et le notre est au comble. Il n'est rien que nous ne fissions pour vous préservér du désagrement dont il nous dit que vous êtes menacé. Mais c'est de l'argent qu'il faut pour cela, et notre denuement complet a cet égard, rend nos désirs impuissants.
Pauline fait mille projets, le danger en suggère, mais en pareil cas, ils sont toujours inexécutables, et voici pour aujourd'huy ce qui va être fait; elle va écrire à Mr Merimé ce qui suit.
« Mr j'ai été bien cruellement affectée et surprise, en apprenant, par la lettre que vous m'avez fait lhonneur de m'écrire, les obligations de mon mari envers vous, et les conséquences qui doivent en être les suites, s'il n'est aussitot pris des mésures pour les prévenir. Vous devez être Monsieur convaincu du désir que j'ai de tirer mon mari de cette malheureuse et critique position, mais sans argent, dans ce moment, et dans un pays, où il est fort difficile de s'en procurer, je ne dois pas vous dissimuler le cruel embarras où je me trouve d'éffectuer, sur le champ, l'envoi des fonds que vous reclamez. J oserai donc, Monsieur, eu égard a ces considérations, reclamer de votre bonté quelques jours de patience. Je ne doute point que sur la promesse de vous faire l'envoi de 2,000f pour le 10 au plus tard, du mois prochain vous n'accédiez a ma demande, et que vous ne me donniez ainsi le temps d'aviser de concert avec mon mari aux moyens d'arranger cette malheureuse affaire, au sujet de la quelle je vais lui écrire aujourd'huy. »
Voila le contenu de la lettre à Mr Mérimée, et suivant la promesse qu'elle contient, on tachera de vous envoyer pour le 10 ou avant les 2000f. Nous esprons que moyennant cet acompte, il voudra bien patienter et intervenir pour que des poursuites ne soient point dirigées contre vous.
Je ne puis entrer dans des détails, surtout ce qui nous ressentons de peine de tout ce qui arrive et du chagrin qu'en éprouve ma soeur. Il faut trembler qu'une crise ne soit la suite de tout ceci, car quoique bien depuis quelques temps, cette lettre si allarmante de Mr Merimé l'a tellement affrayée qu'il faudrait s'étonner si elle n'en éprouvait point.
Ecrivez nous ce qui se passe, et sans retard, bonnes ou mauvaises nouvelles, ma soeur a besoin de l'apprendre. L'attente lui serait plus nuisible que tout.
hotel de Lyon Rue des fille St Thomas
Monsieur J. Labrouche
rüe & hôtel Ventadour,
Paris
Saint Jean de luz le 28 Novembre 1834
Mon cher Labrouche, hier, ma soeur a recu une lettre de Paris, dont la lecture l'a terrifiée: elle est de Mr Merimée qui lui fait part de vos affaires avec lui, et lui apprend que sans un envoi de fonds immédiat, vous êtes à la veille d'éprouver le plus grand désagrement. Jugez de l'impression qu'a du faire sur Pauline, une pareille nouvelle, et de nos craintes sur les suites qui peuvent en resulter: son embarras et le notre est au comble. Il n'est rien que nous ne fissions pour vous préservér du désagrement dont il nous dit que vous êtes menacé. Mais c'est de l'argent qu'il faut pour cela, et notre denuement complet a cet égard, rend nos désirs impuissants.
Pauline fait mille projets, le danger en suggère, mais en pareil cas, ils sont toujours inexécutables, et voici pour aujourd'huy ce qui va être fait; elle va écrire à Mr Merimé ce qui suit.
« Mr j'ai été bien cruellement affectée et surprise, en apprenant, par la lettre que vous m'avez fait lhonneur de m'écrire, les obligations de mon mari envers vous, et les conséquences qui doivent en être les suites, s'il n'est aussitot pris des mésures pour les prévenir. Vous devez être Monsieur convaincu du désir que j'ai de tirer mon mari de cette malheureuse et critique position, mais sans argent, dans ce moment, et dans un pays, où il est fort difficile de s'en procurer, je ne dois pas vous dissimuler le cruel embarras où je me trouve d'éffectuer, sur le champ, l'envoi des fonds que vous reclamez. J oserai donc, Monsieur, eu égard a ces considérations, reclamer de votre bonté quelques jours de patience. Je ne doute point que sur la promesse de vous faire l'envoi de 2,000f pour le 10 au plus tard, du mois prochain vous n'accédiez a ma demande, et que vous ne me donniez ainsi le temps d'aviser de concert avec mon mari aux moyens d'arranger cette malheureuse affaire, au sujet de la quelle je vais lui écrire aujourd'huy. »
Voila le contenu de la lettre à Mr Mérimée, et suivant la promesse qu'elle contient, on tachera de vous envoyer pour le 10 ou avant les 2000f. Nous esprons que moyennant cet acompte, il voudra bien patienter et intervenir pour que des poursuites ne soient point dirigées contre vous.
Je ne puis entrer dans des détails, surtout ce qui nous ressentons de peine de tout ce qui arrive et du chagrin qu'en éprouve ma soeur. Il faut trembler qu'une crise ne soit la suite de tout ceci, car quoique bien depuis quelques temps, cette lettre si allarmante de Mr Merimé l'a tellement affrayée qu'il faudrait s'étonner si elle n'en éprouvait point.
Ecrivez nous ce qui se passe, et sans retard, bonnes ou mauvaises nouvelles, ma soeur a besoin de l'apprendre. L'attente lui serait plus nuisible que tout.
tout a vous
Haranboure
Haranboure
hotel de Lyon Rue des fille St Thomas