Lettre de M. Labarbe adressée à M. Soubiran, avocat à Mont-de-Marsan (40)
Archive privée inédite
- Date: 31/05/1839
- Lieu: Roquefort (40)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
n°3
Monsieur
Monsieur Soubiran avocat
Mont de Marsan.
Monsieur
Si j'ai mis tant de lenteur à répondre à votre lettre en date du 1er de ce mois, vous en agréerez, je n'en doute pas mon excuse dans ma triste position et dans les embarras qu'elle me suscite.
j'ai été bien affligé, Monsieur, en perdant ma pauvre mère: mais mon malheur a été extrême, en ce que j'ai été privé de recevoir son baiser de paix et de pardon que depuis longtemps je sollicitais.
en me donnant avis, Monsieur, que vous êtes nanti d'un titre souscrit par ma mère en votre faveur, pour une somme de 800 frs, vous avez l'obligeance de m'offrir des facilités pour le payement. j'accepte avec reconnaissance vos offres généreuses, d'autant que dans ma position elles me sont d'une importante utilité.
J'ai en outre conçu l'espoir, Monsieur, que votre loyauté vous suggérera de diminuer le chiffre de votre créance, lorsque je vous aurai convaincu que ma mère m'a traité avec la dernière rigueur. par un testament olographe dont Mr votre père est dépositaire, elle a, après prélévemens de quelques legs, disposé de toute la quotité disponible en faveur de Mr votre père lui-même. il est vrai que j'ai fait un traité avec ce dernier. mais toujours est-il, que la quotité a été épuisée par le testament, et qu'avec votre titre de 800, elle se trouve dépassée, s'il est vrai que ma mère aiet entendu vous faire un don en vous remettant ce titre, que, d'après les instructions que j'ai reçues, vous auriez fait difficulté d'accepter.
il m'est doux d'espérer, Monsieur, par la connaissance de vos sentimens généreux, que vous daignerez apprécier ma fâcheuse position et réduire votre créance aux justes limites de votre équité.
daignez vous rappeler, Monsieur, que lorsque vous Plaidiez pour ma mère, contre moi, je vous fis la priêre ainsi qu'à Mr Lubet, de ne me pas épargner pour tout ce qui aurait trait à des jouissances à accorder à ma mère; mais je vous suppliai de traiter avec la derniêre rigueur la question de propriété ...... je connaissais ma mère, et l'événement n'a que trop justifié mes malheureuses prévisions : je suis non seulement deshérité par ma mère, mais en outre de cela; les sommes capitales que je réclamais et pour lesquelles je ne voulais d'autre juge, d'autre justification que l'aveu de ma mère, je les ai perdues !..... J'oublie à jamais cette disposition du jugement qui rejeta le serment par moi déféré, et je désire que la mémoire et les cendres de ma mère n'en souffrent pas la moindre altération !.. c'est le voeu sincère de mon coeur.
Je rends même justice à ma pauvre mère : elle était revenue à des sentimens plus calmes. elle avait plusieurs fois et à diverses personnes, témoigné le désir de tester en faveur de son petit fils qu'elle chérissait et qui était innocent de toute faute envers elle .... il faut croire que la mort la surprise dans ces bonnes dispositions.
pardonnez moi, Monsieur, si je suis entré dans ces détails : je le devais pour soulager mon coeur et pour faciliter en vous les moyens d'apprécier ma position qui est toute exceptionnelle.
J'aurai l'honneur de passer très prochainement chez vous pour prendre tels arrangemens que vous jugerez convenables.
J'ai l'honneur d'être avec une bien parfaite considération
P.S. mon épouse bien sensible à vos politesses vous prie de vouloir bien agréer les siennes.
Monsieur
Monsieur Soubiran avocat
Mont de Marsan.
roquefort le 31. mai 1839. |
Monsieur
Si j'ai mis tant de lenteur à répondre à votre lettre en date du 1er de ce mois, vous en agréerez, je n'en doute pas mon excuse dans ma triste position et dans les embarras qu'elle me suscite.
j'ai été bien affligé, Monsieur, en perdant ma pauvre mère: mais mon malheur a été extrême, en ce que j'ai été privé de recevoir son baiser de paix et de pardon que depuis longtemps je sollicitais.
en me donnant avis, Monsieur, que vous êtes nanti d'un titre souscrit par ma mère en votre faveur, pour une somme de 800 frs, vous avez l'obligeance de m'offrir des facilités pour le payement. j'accepte avec reconnaissance vos offres généreuses, d'autant que dans ma position elles me sont d'une importante utilité.
J'ai en outre conçu l'espoir, Monsieur, que votre loyauté vous suggérera de diminuer le chiffre de votre créance, lorsque je vous aurai convaincu que ma mère m'a traité avec la dernière rigueur. par un testament olographe dont Mr votre père est dépositaire, elle a, après prélévemens de quelques legs, disposé de toute la quotité disponible en faveur de Mr votre père lui-même. il est vrai que j'ai fait un traité avec ce dernier. mais toujours est-il, que la quotité a été épuisée par le testament, et qu'avec votre titre de 800, elle se trouve dépassée, s'il est vrai que ma mère aiet entendu vous faire un don en vous remettant ce titre, que, d'après les instructions que j'ai reçues, vous auriez fait difficulté d'accepter.
il m'est doux d'espérer, Monsieur, par la connaissance de vos sentimens généreux, que vous daignerez apprécier ma fâcheuse position et réduire votre créance aux justes limites de votre équité.
daignez vous rappeler, Monsieur, que lorsque vous Plaidiez pour ma mère, contre moi, je vous fis la priêre ainsi qu'à Mr Lubet, de ne me pas épargner pour tout ce qui aurait trait à des jouissances à accorder à ma mère; mais je vous suppliai de traiter avec la derniêre rigueur la question de propriété ...... je connaissais ma mère, et l'événement n'a que trop justifié mes malheureuses prévisions : je suis non seulement deshérité par ma mère, mais en outre de cela; les sommes capitales que je réclamais et pour lesquelles je ne voulais d'autre juge, d'autre justification que l'aveu de ma mère, je les ai perdues !..... J'oublie à jamais cette disposition du jugement qui rejeta le serment par moi déféré, et je désire que la mémoire et les cendres de ma mère n'en souffrent pas la moindre altération !.. c'est le voeu sincère de mon coeur.
Je rends même justice à ma pauvre mère : elle était revenue à des sentimens plus calmes. elle avait plusieurs fois et à diverses personnes, témoigné le désir de tester en faveur de son petit fils qu'elle chérissait et qui était innocent de toute faute envers elle .... il faut croire que la mort la surprise dans ces bonnes dispositions.
pardonnez moi, Monsieur, si je suis entré dans ces détails : je le devais pour soulager mon coeur et pour faciliter en vous les moyens d'apprécier ma position qui est toute exceptionnelle.
J'aurai l'honneur de passer très prochainement chez vous pour prendre tels arrangemens que vous jugerez convenables.
J'ai l'honneur d'être avec une bien parfaite considération
Monsieur, | Votre très humble et obéissant serviteur Labarbe |
P.S. mon épouse bien sensible à vos politesses vous prie de vouloir bien agréer les siennes.