Lettre de M. Labaste fils adressée à M. Castets, négociant à Mées (40)
Archive privée inédite
- Date: 04/01/1842
- Lieu: Bayonne (64)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
Monsieur Castets
négt
à mées
Près Dax
Si votre lettre d'hier en réponse à celles que je vous ai adressées le 29 & 31 du mois dernier contient l'expression de vos intentions relativement à l'affaire que nous avons traitée, je ne reconnais plus l'homme au caractère franc & loyal, & que je croyais mon ami.
Je me refuse à croire que vous veuilliez un procès qui n'est ni dans mes habitudes ni dans mes goûts. Je ne puis non plus supposer que vous ayez la pensée de profiter d'une erreur. Examinez ma conduite dans toute cette affaire; vous y verrez bonne foi entière et confiance absolue à tout ce que vous m'avez dit; cette confiance a été la base de notre marché; vous m'avez assuré que le cours de la planche était 40 f: je l'ai cru; vous m'avez dit que les pins de compte avaient 3 carres: je m'en suis rapporté; vous m'avez assuré que la planche de Mées était bonne loyale & marchande: je n'en ai pas douté moindrement
Aujourd'hui si j'en crois le contenu de v/ lettre vous voulez profiter d'une erreur; vous voulez que je vous aie cédé ce dont je ne pouvais pas disposer.
Car je vous ai cédé & non vendu les pins de M Desquerre; vous ne pouvez en disconvenir. Votre correspondance & nos conventions en font foi. Je ne puis encore revenir de mon étonnement; je ne peux penser que ce soit vous qui répondriez si séchement à la lettre pleine d'amitié que je vous ai adressée le 31 Décembre
Je vous ai supplié (c'est le mot) de m'épargner de nouveaux embarras dans la position où la bonne foi et la confiance que j'avais en vous m'ont placé.
Vous me répondez en me disant qu'en homme de commerce franc & loyal vous devez remplir à vos engagements. La justice dites vous ne l'exige pas; mais mon cher Monsieur Castets est-ce que la justice exclue l'équité ? Non, elle doit être sa compagne fidèle la règle de toutes n/ actions; vous êtes trop honnête homme pour ne pas en donner l'exemple dans cette occasion où, je vous le répète, ma bonne foi et ma confiance en vous ont été la seule cause de notre différent. Revenez donc à des sentiments plus conformes au caractère franc & loyal que je vous connais, Evitons le scandale d'un procès entre gens qui sont destinés à avoir des relations d'affaires dont celle-ci sera peut être la moindre; quant à moi j'ai toujours eu pour vous une estime toute particulière; et je ne puis penser que de gaieté de coeur vous veuilliez détruire la bonne harmonie qui a régné entre nous. Non mon cher Monsieur Castets j'aime mieux croire que votre lettre n'est que le résultat d'un moment d'impatience, & que sérieusement vous ne pensez pas ce que vous m'avez écrit.
Vous me dites aussi dans v/ lettre que vous n'avez pas traité avec M. Préchacq que vous n'avez pas à correspondre avec lui pour la planche que je lui ai vendue. Mais soyez de bon compte vous n'ignorez pas que la partie de planches m'est tout à fait étrangère que mon intention était en traitant avec vous de céder mon lieu & place vis-à-vis de vous puisque je ne fesais cette affaire que pour réaliser. Je vous l'ai dit avant de traiter & cela se pouvait faire d'autant moins difficilement que votre position vis à vis M. Desquerre était absolument la même que celle de M. Préchacq avec vous
Je vous répéterai donc de m'épargner de nouveaux embarras en vous montrant dans cette circonstance ce que vous avez toujours été franc & loyal & non cupide et préférant profiter d'une erreur causée par la confiance qu'on a mise dans des paroles que de revenir à des sentiments d'équité et de justice qui caractérisent l'honnête homme comme le commerçant.
J'attends avec confiance un mot de v/ part & j'espère que vous me direz aussi q/que chose pour M. Préchacq qui de son côté peut me forcer à exécuter mon marché avec lui
je voulais vous adresser cette lettre par la diligence; mais je prends le parti de vous l'envoyer par la poste pour Etre plus tôt fixé sur vos intentions qui seront j'espère conforme aux miennes pour vous
Lettre de M Labaste de
Bayonne du 4 janvier
1842
négt
à mées
Près Dax
Bayonne le 4 Janvier 1842 |
Monsieur Castets (Mées)
Si votre lettre d'hier en réponse à celles que je vous ai adressées le 29 & 31 du mois dernier contient l'expression de vos intentions relativement à l'affaire que nous avons traitée, je ne reconnais plus l'homme au caractère franc & loyal, & que je croyais mon ami.
Je me refuse à croire que vous veuilliez un procès qui n'est ni dans mes habitudes ni dans mes goûts. Je ne puis non plus supposer que vous ayez la pensée de profiter d'une erreur. Examinez ma conduite dans toute cette affaire; vous y verrez bonne foi entière et confiance absolue à tout ce que vous m'avez dit; cette confiance a été la base de notre marché; vous m'avez assuré que le cours de la planche était 40 f: je l'ai cru; vous m'avez dit que les pins de compte avaient 3 carres: je m'en suis rapporté; vous m'avez assuré que la planche de Mées était bonne loyale & marchande: je n'en ai pas douté moindrement
Aujourd'hui si j'en crois le contenu de v/ lettre vous voulez profiter d'une erreur; vous voulez que je vous aie cédé ce dont je ne pouvais pas disposer.
Car je vous ai cédé & non vendu les pins de M Desquerre; vous ne pouvez en disconvenir. Votre correspondance & nos conventions en font foi. Je ne puis encore revenir de mon étonnement; je ne peux penser que ce soit vous qui répondriez si séchement à la lettre pleine d'amitié que je vous ai adressée le 31 Décembre
Je vous ai supplié (c'est le mot) de m'épargner de nouveaux embarras dans la position où la bonne foi et la confiance que j'avais en vous m'ont placé.
Vous me répondez en me disant qu'en homme de commerce franc & loyal vous devez remplir à vos engagements. La justice dites vous ne l'exige pas; mais mon cher Monsieur Castets est-ce que la justice exclue l'équité ? Non, elle doit être sa compagne fidèle la règle de toutes n/ actions; vous êtes trop honnête homme pour ne pas en donner l'exemple dans cette occasion où, je vous le répète, ma bonne foi et ma confiance en vous ont été la seule cause de notre différent. Revenez donc à des sentiments plus conformes au caractère franc & loyal que je vous connais, Evitons le scandale d'un procès entre gens qui sont destinés à avoir des relations d'affaires dont celle-ci sera peut être la moindre; quant à moi j'ai toujours eu pour vous une estime toute particulière; et je ne puis penser que de gaieté de coeur vous veuilliez détruire la bonne harmonie qui a régné entre nous. Non mon cher Monsieur Castets j'aime mieux croire que votre lettre n'est que le résultat d'un moment d'impatience, & que sérieusement vous ne pensez pas ce que vous m'avez écrit.
Vous me dites aussi dans v/ lettre que vous n'avez pas traité avec M. Préchacq que vous n'avez pas à correspondre avec lui pour la planche que je lui ai vendue. Mais soyez de bon compte vous n'ignorez pas que la partie de planches m'est tout à fait étrangère que mon intention était en traitant avec vous de céder mon lieu & place vis-à-vis de vous puisque je ne fesais cette affaire que pour réaliser. Je vous l'ai dit avant de traiter & cela se pouvait faire d'autant moins difficilement que votre position vis à vis M. Desquerre était absolument la même que celle de M. Préchacq avec vous
Je vous répéterai donc de m'épargner de nouveaux embarras en vous montrant dans cette circonstance ce que vous avez toujours été franc & loyal & non cupide et préférant profiter d'une erreur causée par la confiance qu'on a mise dans des paroles que de revenir à des sentiments d'équité et de justice qui caractérisent l'honnête homme comme le commerçant.
J'attends avec confiance un mot de v/ part & j'espère que vous me direz aussi q/que chose pour M. Préchacq qui de son côté peut me forcer à exécuter mon marché avec lui
toujours votre dévoué
J. Labaste fils
J. Labaste fils
je voulais vous adresser cette lettre par la diligence; mais je prends le parti de vous l'envoyer par la poste pour Etre plus tôt fixé sur vos intentions qui seront j'espère conforme aux miennes pour vous
Lettre de M Labaste de
Bayonne du 4 janvier
1842