Lettre de M. Lalanne adressée au docteur Ducournau, à Bénesse-Maremne (40)

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Monsieur
le Docteur Ducournau,
Benesse-maremne,
par St Vincent-de-Tyrosse - Landes -



Cambo, 19 8bre 1888.

Cher monsieur Ducournau,

Votre lettre est venue me trouver à Cambo, où je suis depuis le 11 de ce mois, pour essayer de refaire ma santé un peu altérée par les grandes fatigues que j'ai eu à endurer ces vacances.
Le congrès de Bordeaux, où j'ai remporté un magnifique succès dont je suis fier, moins pour moi, croyez-le, que pour la corporation à laquelle j'appartiens, m'a coûté pas mal d'efforts et de travail de tête.
La succession de mon beau-père que j'ai été chargé par mes beaux-frères de régler au mieux des intérêts de tous, m'a demandé aussi de la peine.
Aussi, j'étais anéanti, j'avais perdu tout appétit et j'éprouvais des douleurs d'estomac intolérables. L'Admon académique s'est empressée de m'accorder un congé que j'ai pris aussitôt après que j'ai eu réorganisé les 5 classes de mon école.
Aujourd'hui, je suis relativement bien, et j'espère être en état de reprendre le 29 mes travaux habituels, en y apportant toutefois beaucoup plus de modération que par le passé et en évitant tout surmenage.
Mais c'est assez vous parler de moi, et je m'aperçois un peu tard qu'il est temps de vous donner les renseignements confidentiels que vous me demandez.
Melle Gabrielle Lapeyre est une gentille enfant, ayant de très bonnes qualités, je peux vous l'assurer. Son père était depuis plus de 20 ans membre du Conseil municipal de Peyrehorade; aux dernières élections, il n'a pas voulu se laisser porter sur la liste républicaine - la seule présentée - afin de ménager probablement, dans l'intérêt de son commerce, quelques réactionnaires qui n'avaient pas osé se mettre en tête d'une liste opposante.
Ces détails, je vous les ai donnés pour vous montrer le degré de considération dont jouit M. Lapeyre
Je ne pourrai pas vous fixer exactement sur sa position de fortune, pour la raison que vous indiquez fort judicieusement. Néanmoins, je ne crois pas me tromper beaucoup en vous disant que si M. Lapeyre n'a pas de dettes - et je n'ai aucune raison de penser qu'il en ait - sa fortune doit s'élever en propriété: ses maisons en ville et ses terres à Peyrehorade et à Oeyre-Gave, à 30 mille francs au moins. Ajoutez-y la valeur de ses marchandises en magasin, et l'on arrive sans grande exagération à une cinquantaine de mille francs.
Amanda m'apprend à l'instant que l'on dit à Peyrehorade que M. Lapeyre n'a pas payé à sa belle-soeur, Mme Dussutour, mariée à un mécanicien de 1ère classe à la gare de Puyoô, sa part dans la succession de feus les père et mère, M. et Mme Clouzet, et qu'il lui en sert la rente. C'est ce que vous aurez à vérifier.
Je suis porté à croire que, vu les dépenses que s'est imposées M. Lapeyre pour l'éducation de son fils Léo, actuellement à l'école centrale, il avantagera sa fille du quart au moins, sinon du tiers.
Veuillez agréer, cher docteur, pour vous et tous les vôtres, l'expression cordiale de nos meilleurs sentiments.

[] Lalanne