Lettre de Marthe adressée à Albert Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40)
Archive privée inédite
- Date: 09/06/1865
- Lieu: ?
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Monsieur Albert Lajard
à Aire sur l'adour,
( Landes. ) Aire
Les quelques lignes que tu m'écrivais le 15 Mai m'ont trouvée à Bordeaux où nous sommes encore. Nous venons de passer les fêtes à Mérignac et pensons y retourner nous y installer la semaine prochaine. Pour cette année il ne faut plus compter d'aller à St Magne cette décision m'a été pénible, désagréable, mais il est vrai que dans les conditions où nous y aurions été cela eut été triste pour ma mère et pour moi aussi. Armand et Marie ne pouvaient y venir; Noémi et Paul quittent très peu leur mère et ils n'auraient pu entreprendre ce voyage sous les yeux des gens en révolution car les métayers nous quittent tous, même Jean, le vieux Jean, qui s'est mis en révolte le croirais-tu ? Que veux-tu ? c'est l'année ! A ce sujet je te dirai que Jeanne nous a quittées indignement après avoir demandé elle-même son compte et avoir eu huit jours de réflexions elle est sortie de la maison sans un regret, sans une larme ! cette ingratitude comme tu le comprends lui a fermé notre porte pour toujours et a vivement impressionné ma pauvre mère qui se faisait un vrai plaisir de mettre le comble à ses bontés pour cette fille à l'occasion de son mariage qui n'a pas eu lieu.
Jules Talleau est arrivé depuis Mercredi, il a laissé sa mère en parfaite santé, elle a eu beaucoup de chagrin de ne pouvoir venir avec son fils, mais elle doit se dédommager au mois d'Août et passera une grande partie des vacances avec nous, elle s'accoutume difficilement au climat de Caen qui du reste est loin de valoir le nôtre a ce que dit Jules.
Quand partez-vous pour Cauterets profite de tout le bien qu'il peut te faire j'espère que ta tante y trouvera du soulagement. Quant à nos projets ils se bornent pour le moment à partager notre temps entre Mérignac et Coulonque. Marie et Armand ainsi que le joli trio iront à Pau ces vacances, dans ce moment Armand est à Paris, voyage d'affaires, parti depuis Mardi il pense revenir Lundi. Notre cher Ernest est souffrant, depuis quelques jours mais il est mieux aujourd'hui Marie nous écrivait ce matin que le sommeil était revenu et l'appetit était meilleur.
Malice pour malice mon cher Albert j'aurai une grande idée du chef-d'oeuvre que tu admires s'il parvient à te faire changer. Ne serait-ce pas ce désir qui ce jour là aurait inspiré ma plume. Je ne suis point tentée de te plaindre: ne pourrais-tu pas sortir de cet état d'inactivité dont tu avoues toi-même être si malheureux ? Quoique bien peu disposée à la commisération pour toi, je ne puis m'empêcher de regretter que ton imagination et ton coeur restent insensibles à la vue de cette belle nature qui doit te faire espérer à Verlus une bonne récolte pour le mois de Septembre.
Mais je m'arrête mon long bavardage m'entraîne à trop de franchise. je te dis donc, Adieu, nos souvenirs affectueux à ton Père à ta tante ainsi qu'à toute la famille; crois à la sincère affection de
Que nos fréquentes courses ne mettent point d'obstacles à ta correspondance, en adressant tes lettres rue ausone elles nous parviendront sans retard. Noémi et Paul sont florissants de santé la lune de miel pour cet heureux couple, est toujours toujours dans son plein.
à Aire sur l'adour,
( Landes. ) Aire
Vendredi le 9 Juin 1865.
Mon cher Albert,
Mon cher Albert,
Les quelques lignes que tu m'écrivais le 15 Mai m'ont trouvée à Bordeaux où nous sommes encore. Nous venons de passer les fêtes à Mérignac et pensons y retourner nous y installer la semaine prochaine. Pour cette année il ne faut plus compter d'aller à St Magne cette décision m'a été pénible, désagréable, mais il est vrai que dans les conditions où nous y aurions été cela eut été triste pour ma mère et pour moi aussi. Armand et Marie ne pouvaient y venir; Noémi et Paul quittent très peu leur mère et ils n'auraient pu entreprendre ce voyage sous les yeux des gens en révolution car les métayers nous quittent tous, même Jean, le vieux Jean, qui s'est mis en révolte le croirais-tu ? Que veux-tu ? c'est l'année ! A ce sujet je te dirai que Jeanne nous a quittées indignement après avoir demandé elle-même son compte et avoir eu huit jours de réflexions elle est sortie de la maison sans un regret, sans une larme ! cette ingratitude comme tu le comprends lui a fermé notre porte pour toujours et a vivement impressionné ma pauvre mère qui se faisait un vrai plaisir de mettre le comble à ses bontés pour cette fille à l'occasion de son mariage qui n'a pas eu lieu.
Jules Talleau est arrivé depuis Mercredi, il a laissé sa mère en parfaite santé, elle a eu beaucoup de chagrin de ne pouvoir venir avec son fils, mais elle doit se dédommager au mois d'Août et passera une grande partie des vacances avec nous, elle s'accoutume difficilement au climat de Caen qui du reste est loin de valoir le nôtre a ce que dit Jules.
Quand partez-vous pour Cauterets profite de tout le bien qu'il peut te faire j'espère que ta tante y trouvera du soulagement. Quant à nos projets ils se bornent pour le moment à partager notre temps entre Mérignac et Coulonque. Marie et Armand ainsi que le joli trio iront à Pau ces vacances, dans ce moment Armand est à Paris, voyage d'affaires, parti depuis Mardi il pense revenir Lundi. Notre cher Ernest est souffrant, depuis quelques jours mais il est mieux aujourd'hui Marie nous écrivait ce matin que le sommeil était revenu et l'appetit était meilleur.
Malice pour malice mon cher Albert j'aurai une grande idée du chef-d'oeuvre que tu admires s'il parvient à te faire changer. Ne serait-ce pas ce désir qui ce jour là aurait inspiré ma plume. Je ne suis point tentée de te plaindre: ne pourrais-tu pas sortir de cet état d'inactivité dont tu avoues toi-même être si malheureux ? Quoique bien peu disposée à la commisération pour toi, je ne puis m'empêcher de regretter que ton imagination et ton coeur restent insensibles à la vue de cette belle nature qui doit te faire espérer à Verlus une bonne récolte pour le mois de Septembre.
Mais je m'arrête mon long bavardage m'entraîne à trop de franchise. je te dis donc, Adieu, nos souvenirs affectueux à ton Père à ta tante ainsi qu'à toute la famille; crois à la sincère affection de
Ta cousine,
Marthe.
Marthe.
Que nos fréquentes courses ne mettent point d'obstacles à ta correspondance, en adressant tes lettres rue ausone elles nous parviendront sans retard. Noémi et Paul sont florissants de santé la lune de miel pour cet heureux couple, est toujours toujours dans son plein.
- LAJARD Albert
- ( - >1891 Aire-sur-l'Adour ? )
- TALLEAU Jules
- ( - >1865 )
- cité