Lettre de Michel Renaud adressée à Mme Campagne, née Ibarnegaray, à Uhart-Cize (64)

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  • Date: peut-être 24/11/1860
  • Lieu: ?

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Madame Campagne, née Ibarnegaray,
à Uhart.
Par et près St Jean-pied-de port.



Samedi - 3 heures de l'après-midi -

ma chère Ernestine - Je ne me doutais pas que depuis notre dernière entrevue un orage venait d'éclater sur votre coeur maternel - aujourdhui seulement votre cuisinière nous a fait part de tout ce qui s'est passé de pénible pour vous, sous le toit qui vous a vue naître, dans la maison même de vos pauvres père et mère qui ne sont plus -
brutalités envers un enfant, un neveu; hautaines et insolentes paroles à une belle-soeur; en vérité cela est peu digne d'un oncle, d'un beau-frère; cela sent un maitre etranger, étranger à coup sûr aux sentiments de générosité et de devoir, comme aux plus simples notions du savoir-vivre et des convenances.
l'homme qui use de pareils procédés avec une femme, (abstraction faite du dégré de parenté) est un animal plus quadrupède que le cheval qui l'a jeté par terre.
excusez cette vivacité de langage; mais ces scènes bien affreuses pour vous, bien tristes pour nous qui vous aimons, nous ont étonnés, affligés, révoltés, la mère et le fils.
lundi j'irai vous voir dans l'après-midi: je suis tristement impatient de recevoir vos confidences, moi qui depuis longtemps, avec toute mon affection, vous ai donné toute ma confiance en vous ouvrant le livre de mes pensées les plus secrètes, les plus intimes.
Courage, ma chère Ernestine; je vous le demande au nom de vos enfants si gentils et si bons, au nom de vos amis parmi lesquels mon coeur me dit presque que je mérite une des premières places.
J'embrasse Léonce et amédée; j'embrasse aussi de loin leur excellente mère -

à vous d'amitiés

michel Renaud