Lettre de J. Sanchez adressée à Charles Lacoin, négociant à Bayonne (64)
Archive privée inédite
- Date: 30/08/1837
- Lieu: Fréchou (47)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
A Monsieur
Monsieur Charles Lacoin negt
demeurant à la Mousserôle
à Bayonne.
je partis de Bayonne pour revenir au frechou dans la matinée de Mercredi 23. Je pris place dans la diligence entre Mr le Comte de chateau-neuf et son fils, qui se rendaient à Bordeaux. je fus charmé de me separer d'une si noble compagnie à Bazas, ou nous arrivames à trois heures du matin de jeudi. Dans tout le trajet depuis Bayonne jusqu'à cette derniere ville nous gardames un long et proffond silence. Quelque mot que j'adressai de loin en loin soit au père, soit au fils n'obtenaient de leur part que des monosyllabes, si ce n'étaient des heum malhonnêtes. En fin sans pouvoir parler, ni dormir, ni me facher je traversai les landes et j'arrivai à Bazas. j'y passai la journée de jeudi, & de vendredi, et j'y serais encore si je n'avais pas une voiture à mes frais. celles qui arrivaient de Bordeaux venaient toutes pleines, et toutes avaient laissé du monde en arriere. je fis donc samedi le trajet de Bazas à nérac le plus commodement et le plus lestement grace à mes 30lt. Depuis samedi je n'ai fait presque que dormir. voila, Mon chèr Monsieur, toutes les nouvelles que je puis vous donner, me concernant, depuis ma sortie de Bayonne. L'Abbé Ducos m'avait quitté a Bazas.
il parait que Mr le Curé de nérac se trouvait à Agen lorsque je lui ecrivis de Guettary pour m'envoyer de l'argent. il ne reçut ma lêttre que fort tard et il ne crut pas devoir y donner suite. J'en fus charmé. C'est un embarras de moins pour moi, et moins de solicitude pour vous. j'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint un mandat de payement sur la poste de Bayonne. Veuillez m'en accuser reception.
Je pense que Mme Lacoin pensera toujours à moi, si quelque chose arrivait touchant l'aumonerie de Dépot de Mendicité. Mon parti est pris, irrevocablement pris, et si je ne reussis pas a obtenir quelque place du coté de l'occident, je tournerai mes vues du côté de l'orient. Monseigneur Tibaut ne m'aura pas, peut être, totalement oublié, et s'il l'a fait j'aurai recours à son grand vicaire qui sans doute se rappele encore de moi ... Quoiqu'il en soit, je ne puis rester dans une parroisse pour assister a sang froid aux dernieres lueurs d'une foi qui s'etteint dans l'aboutissement de l'indifference.
J'ai commencé lundi a dire des Messes pour l'ami de votre bon Père. je tacherai d'acquitter les trente qui m'ont été commandées le plutot qu'il me sera possible.
= Veuillez présenter mes respectueux hommages et mes affectueux souvenirs à Mme votre Mère imprimés, deinde à vos bonnes soeurs. Et pour vous Disposez de moi comme vous l'entendrez avec la cordialité d'un frère, avec la liberté d'un ami. Adieu
Frechon 30 aout 1837.
Sanchez
recu le 31 do
rep le [blanc]
Monsieur Charles Lacoin negt
demeurant à la Mousserôle
à Bayonne.
Au fréchou le 30 Août
Monsieur et cher ami
je partis de Bayonne pour revenir au frechou dans la matinée de Mercredi 23. Je pris place dans la diligence entre Mr le Comte de chateau-neuf et son fils, qui se rendaient à Bordeaux. je fus charmé de me separer d'une si noble compagnie à Bazas, ou nous arrivames à trois heures du matin de jeudi. Dans tout le trajet depuis Bayonne jusqu'à cette derniere ville nous gardames un long et proffond silence. Quelque mot que j'adressai de loin en loin soit au père, soit au fils n'obtenaient de leur part que des monosyllabes, si ce n'étaient des heum malhonnêtes. En fin sans pouvoir parler, ni dormir, ni me facher je traversai les landes et j'arrivai à Bazas. j'y passai la journée de jeudi, & de vendredi, et j'y serais encore si je n'avais pas une voiture à mes frais. celles qui arrivaient de Bordeaux venaient toutes pleines, et toutes avaient laissé du monde en arriere. je fis donc samedi le trajet de Bazas à nérac le plus commodement et le plus lestement grace à mes 30lt. Depuis samedi je n'ai fait presque que dormir. voila, Mon chèr Monsieur, toutes les nouvelles que je puis vous donner, me concernant, depuis ma sortie de Bayonne. L'Abbé Ducos m'avait quitté a Bazas.
il parait que Mr le Curé de nérac se trouvait à Agen lorsque je lui ecrivis de Guettary pour m'envoyer de l'argent. il ne reçut ma lêttre que fort tard et il ne crut pas devoir y donner suite. J'en fus charmé. C'est un embarras de moins pour moi, et moins de solicitude pour vous. j'ai l'honneur de vous envoyer ci-joint un mandat de payement sur la poste de Bayonne. Veuillez m'en accuser reception.
Je pense que Mme Lacoin pensera toujours à moi, si quelque chose arrivait touchant l'aumonerie de Dépot de Mendicité. Mon parti est pris, irrevocablement pris, et si je ne reussis pas a obtenir quelque place du coté de l'occident, je tournerai mes vues du côté de l'orient. Monseigneur Tibaut ne m'aura pas, peut être, totalement oublié, et s'il l'a fait j'aurai recours à son grand vicaire qui sans doute se rappele encore de moi ... Quoiqu'il en soit, je ne puis rester dans une parroisse pour assister a sang froid aux dernieres lueurs d'une foi qui s'etteint dans l'aboutissement de l'indifference.
J'ai commencé lundi a dire des Messes pour l'ami de votre bon Père. je tacherai d'acquitter les trente qui m'ont été commandées le plutot qu'il me sera possible.
= Veuillez présenter mes respectueux hommages et mes affectueux souvenirs à Mme votre Mère imprimés, deinde à vos bonnes soeurs. Et pour vous Disposez de moi comme vous l'entendrez avec la cordialité d'un frère, avec la liberté d'un ami. Adieu
J. Sanchez
Frechon 30 aout 1837.
Sanchez
recu le 31 do
rep le [blanc]
- LACOIN Charles
- ( - >1837 Bayonne ? )