Lettre de R. Ch. adressée à A. Chauton, à Paris (75)

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Monsieur
A. Chauton
Rue du Bac N° 19.
Paris



Souprosse Le 10. Mars 1822.

Depuis ma dre du 2. de ce mois que je te confirme, j'ai reçu la tienne 5. qui m'anne la reception de celles que je t'ai adréssées les 19, 22 et 26. La seconde renfermant mon mandat de 200 f qui parait avoir été retardée de 2. Courriers, ce qui a lieu de me surprendre, car je ne puis pas croire que Mr Hiard fils à qui je l'avais confiée dans ses Bureaux ne l'ait faite partir exactement.
Ta Correspondance, Mon cher Achille, est trop souvent pleine de fiel et de récriminations Contre moi, si cela devait continuer, il vaudrait mieux que je me retirasse des affaires, ce parti me paraitrait bien préférable. Tu te plains de ce que je te laisse dans l'abandon, de ce que tu es obligé de faire des frais pour ton compte et pour le mien, de ce que je ne veux participer qu'aux bénéfices, de ce que tu fais tous les sacrifices et de ce que je t'oblige à contracter des dettes pour mon Compte; Enfin tu termines ta Legende de reproches par me demander des Comptes suivant l'usage. Je Commencerai par te dire que pour te rendre des comptes, il faut que je reçoive moi même tous ceux pour lesquels je suis constitué débiteur. Je dois à Batbedat tous les frais et une grande partie du Capital des 150. Bs piquepont qu'il nous a fournies, et pour apurer nos Comptes ensemble, il faut nécéssairement que je liquide ceux de mes créanciers qui ne me persécutent heureusement pas autant que toi pour que je fasse cette Liquidation. Maintenant tu demandes ce qui te reste dû sur ta part des Benefices, et quelques jours auparavant tu m'écrivais que tu les appliquais au paiement des 1000 f dus le 20. du mois prochain à Baudron et pour le remboursement desquels tu ne parais guère en peine, tu devrais cependant songer que si j'en ai fait l'avance jusqu'à present ou du moins d'une partie, ce n'a pu être qu'au détriment de mes Créanciers. Si tu voulais reflechir un peu, mon cher achille, sur ma véritable position, tu verrais peut-être que si je ne te fournis pas de l'argent aussi promptement que tu le demandes, ou plutot que tu l'exiges, car tu prends un ton d'autorité auquel je m'accoutumerai difficilement, c'est que cela m'est souvent impossible. Tu Comptes aussi, lorsque tu te représentes ma position, mes dépenses pour Rien, elles sont cependant assez fortes pour avoir epuisé des bénéfices pour l'obtention desquels je crois avoir travaillé autant que toi et je me trouverais heureux si mes dépenses ne les ont pas dépassés. mais voici quelle est ma position actuelle. Je dois plus de 4000. f à Batbedat qu'il reclame pour le 3. avril pn et l'echéance des 5000. f dus à Baudron échoit au 20. du même mois. Les valeurs que j'ai pour faire face au premier paiement sont insuffisantes, car Riviere n'a encore retiré que 20. Bques piquepont et ne m'a donné qu'un accompte de 1900. f or nous avons 6000 f de placés sur les vins en Compte à ./3 lesquels avec les 4500 f au moins que je dois à Batbedat forment un Capital de 10500. f qu'il faut que je payé du 3 au 20. avril ou que je déclare être dans l'impossibilité de faire honneur à mes affaires. C'est cependant dans cette position qui me donne plus de soucis que tu ne penses, que je recois ta Lettre pleine de reproches avec ordre de te rembourser ce que je te dois pretends-tu, car il est trop clair que tu seras mon debiteur jusqu'à ce que tu ais satisfait Baudron; et tu pretends même que je ne fais aucun sacrifice. Je ne m'étendrai pas d'avantage sur ce point, je me bornerai seulement à te dire que mes écritures justifieront de mes dépenses comme de nos bénéfices et qu'en attendant qu'il me soit possible de te rendre des Comptes tu devrais écrire avec un peu plus de Calme et de modération.
Je vais expedier aujourd'hui les 24. Bques pour Mr Le Blond je lui ai écrit par le der Courrier. Je ferai partir demain une Caisse d'echantillons pour toi et une autre pour MM. Bergasse, je lui écris aujourdhui dans le sens Convenu. Le der Courrier a apporté à MM. Lafond et fils la facture des 50. Bques petite et basse chalosse (Gibret ou Côte du Luy) j'ai porté le prix des 26. Bques gibret à 70 f et celui des 24. Bs petite chalosse à 60 f 50 C. il n'était pas possible de les établir plus bas. tu sais qu'ils nous avaient demandé 25. Bques de chaque qualité de ce vin, mais que le Chai de gibret était composé de 26. Bs nous fumes obligés de les prendre.
D'après les renseignemens que j'ai reçus de Bayonne, il en Coute 3 f par qal [] pour rendre les essences de Dax à Bord, tu dois avoir à cet égard des données plus certaines que moi. Le Cours actuel des essences etant de 29. à 30 f. à Dax comment pouvons nous expédier à 32. f ? ne faut-il pas gagner au moins 1. f par qal en sus de la Commission de 2 p%. Sans cela, Comment se retrouver ? J'ecrirai par le prochain Courrier à Mr Benezet: on ne peut pas dans ce moment expédier de fortes parties d'essences il n'en reste guère de la dre campagne, nous touchons au Commencement de la nouvelle (au mois d'avril). Le fret pour Rouen est maintenant à 40. f celui pour nantes à 25. tu trouveras ci joint la note des vins contenus dans la Caisse que je t'expedie, celle pour MM. Bergasse est absolument semblable à l'exception du N° 5. en vin rouge que je n'ai pas pu partager entre ces MM. et toi. tu pourras le leur montrer. cet échantillon provient de chez Lespés à Hagetmau.
Ta Lettre du 5. renfermait un mandat s/ Bertrand et Lesca de F. 81, 48. que je vais envoyer au recouvrement et dont tu seras crédité.
Tu trouveras ci-joint ma procuration pour toucher de Mr de Mr de Virgile les 117, f 60. C qui me sont dus du Gouvernement pour retenue d'appointemens sur l'année 1813 ou 1814.. en te faisant l'envoi de cette pièce m'on intention est que tu n'en fasses aucun usage qu'autant que cette somme devrait t'être comptée sans nulle retenue, n'ayant point l'intention de faire d'autre sacrifice que celui des interets jusqu'à ce jour, pour un objet que je pourrais toucher ici. Tu me diras si cette somme te suffit pour le moment

Tout à toi

R. Ch.

P. S. J'oubliais de te dire que les vins sont à la hausse plutôt qu'à la baisse; Haydorn est venu en acheter ici 100. Bques et il a payé les 150. dernières achetées à 46. f 50. c. a . d. à 1. f 50. au dessus du Cours. Cette Maison est suspecte aux yeux des personnes les plus judicieuses.



Souprosse le 10 mars 1822.
R Chauton -
reçue le 17 dito
repue le 21. d.