Lettre d'Adelaïde adressée à Armand de Vergeron, représentant du peuple, à Paris (75)

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Monsieur
Monsieur Armand de Vergeron
Représentant du peuple
Rue Richepanse 11
Hôtel du Danube
Paris



Vous savez déjà par la dernière lettre d'aimé que j'ai passé la journée de vendredi à Castres; c'est pendant mon absence qu'arriva à Troupiac votre bonne lettre du 19; je n'ai pas besoin de vs dire, mon bien chèr armand, le plaisir que j'eus à la lire le soir à mon arrivée. je vs remercie des détails que vs me donnez; mais il en est que vs m'avez annoncés et après lesquels j'ai couru vainement; je parle de ceux touchant votre visite au presidnt de la Rép; vs me les avez promis, j'y compte et les attends avec grande impatience. j'ai vu avec grand plaisir par votre lettre d'hier que vs êtes nommé membre d'une commission; je verrai aujourd'hui votre nom sur l'Union. je suis bien heureuse de voir enfin ! le Choléra disparaitre et de savoir Paris rendu, pr q.q. tems du moins, au calme et à la tranquillité; cela me fait me décider à vs rendre compte de la conversation que j'ai eu avec mr Lades au sujet de mes souffrances. je vs l'ai tus jusqu à présent parce que je ne voulais point que vs eussiez un motif de plus pr vs opposer à mon voyage immediat à Paris si mes craintes sur votre compte eussent dû continuer; maintenant que me voila presque rassurée je vs dirai que mr Lades m'a justement conseillé les bains de Silvanès; ce sont m'a t'il dit des eaux salines et férugineuses qui me seront extrêmement utiles. inutile de vs dire que j'ai été enchantée de cette décision qui s'accorde si bien avec celle de mr Mazon, du reste, mr Lades a approuvé en tous points le régime que me fait suivre ce dernier. Je ne crains de pouvoir déterminer ma si chère maman à m'accompagner à Silvanès; cela m'inquiète; je crois que ces bains lui seraint aussi utiles qu'à moi; elle est maintenant délivrée des ses cruelles oppressions; mais elle est, cependant, loin d'être bien portante; elle est d'une faiblesse extrême, a peu d'appétit et elle trouve rarement le sommeil; elle vs adresse de bien tendres amities.
Toutes les personnes que je vis à Castres me demandérent avec empressement de vos nouvelles et me chargerent de compliments, d'amities de souvenirs pr vous; il serait trop long de vs les nommer toutes je ne vs parlerai que de mr Ducarla qui s'occupe de vs d'une manière réellement remarquable; je serais ingrate si je ne faisais point mention des Dames Batailhou; je ne vis point mons Batailhou. la marechale est arrivée à St amans; elle a amené Melle de Mornay. j'irai demain à Castres pr essayer ma robe et mon schall que je donnai vendredi à la couturiere; je suis impatiente d'avoir ces objets; Nous déjeunerons chez Mme Nairac. Ce que vs me dites de la lettre de mr Léon Prat ne m'étonne point; ils triomphent, tous, amplement du départ du régiment; il me semble que le gouvernement s'est bien hâté; les officiers en éprouvent une grande amertume. il est bien facheux que ce soit tombé justement sur un corps si énergiquement dévoué à l'ordre et aux bons principes; on se demande si le gouvent a voulu dans cette circonstance témoigner au P et aux aut de C sa reconnaissance pr les si bons dép qu'ils lui ont envoyés
adieu, mon armand chéri, le Piéton s'impatiente; je n'ai pas le tems de relire ma lettre que j'écris au pas de course, s'il y a q.q. énigme; tachez de déviner, encore adieu je vs embrasse mille fois du fond de l'âme

adélaîde

Troupiac 26 Juin 49