Lettre de L. Cabiro adressée à Mme Hiard, née Cabiro, à Audignon (40)

Archive privée inédite

© Toute utilisation de cette transcription est soumise à autorisation

[La transcription peut comporter des erreurs]


A Madame
Hiard nèe Cabiro
par St sever
a Audignon



Ma chere Irma

J'ai reçu ta lettre de mercredi der qui n'est arrivée ici que hier Dimanche. j'ai apris avec le plus grand plaisir que vous Jouissés tous d'une parfaite santé, je pourrois t'annoncer que je jouis du même avantage si la mienne n'étoit assaillie par des contrarietés le plus désolantes: mal secondé par des Domestiques sans cesse en lutte avec une intempérie du tems le plus funeste qui chaque jour détruit sous mes yeux le fruit de mes travaux, car à peine je commencois a m'occuper de faire battre vendredi der les débris du froment que j'avais ramassé ici et à Sort, qu'n orage épouvantable et une pluie des plus abondantes que j'aye vu de ma vie, vint tout inonder dans ma bassecour, et au même instant aussi, le tonnerre Eclata avec une force a ébranler ma Maison sur le grand Poirier Rose qui est près des figuiers, et imediatement une grêle affreuse venant de la contrée de Pouillon, ravageant la moitié de la commune de Minbaste, se dirigea pour la seconde fois sur mes Metairies de Sort, hacha Entierement le milloc qu'on avait refait, et ne me laissa sur une Espace de 40 arpents de milloc ensemencé qu'ne place qui ne presentoit plus aucun vestige de production. Mes Metayers sont au desespoir, il ne leur reste plus sur cette terre aucune ressource pour leurs bestiaux ni pour Eux. Je n'avais donc intacte que la recolte D'Estibaux, mais pour que cette attaque des élémens contre moi fut complette, au même moment où ils se déchainoit avec tant de violence m'arrivait huit bouviers D Estibaux chargés de froment, ils n'eurent pas le tems ni la possibilité d'Entrer dans la bassecour, ni dans les granges et je dus rester temoin de voir accabler tout ce froment de ce torrent de pluie, et enfin plus tard de le reçevoir tout mouillé, et sans que depuis ce moment j'aye pu Jouir de deux heures de soliel pour le faire secher, car hier et avant hier, il a Encore plu abondament ici.
Quoi quil en soit, je te verrai arriver ici avec plaisir, ta presence et celle de la petite famille, sera pour moi une distraction, qui diminuera la somme de l'afliction qui m'accable. Montfort (au moins le cartier de Barbo) n'a encore rien perdu, que beaucoup de terre, que le torrent à Emporté, le raisin à resté intact; je me console aussi de l'espoir que vous ne serés pas une victime de cette temperature affreuse a Mirando.
adieu Ma chere Irma embrasse Louis pour moi, et mes amitiés a Emile.

Ton affectionné Pere

L. Cabiro

Clermont Lundi matin 19 Juillet 52.



19. juillet 1852
Monfort