Lettre d'E. Fourcade adressée à D. Fourcade, à Oloron-Sainte-Marie (64)

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Monsieur D. Fourcade
à Oloron
Basses Pyrennées



Toulouse le 15 Août 1846

Mon cher frère. Je viens t'annoncer que le départ de Juanita avec ses enfants et Mlle Barthe est fixé pour mont. ils partiront Lundi Matin par la Diligence, leurs places sont arrêtées au coupé, ils seront rendus Mardi à 8 heures à Mont. Nous en avons écrit à ma soeur Blancq qui les a engagées et qui les attendra. Ce n'est qu'après bien d'hésitations que ce voyage a été décidé. Ces Dames ont fait passablement de belles emplêtes, malgré que nous les ayons retenues autant que possible, et elles auraient préféré où rester ici, ou aller en Eaux où elles pensaient pouvoir utiliser leurs Toilettes. Mais je pense que pour la Bourse de mon frère et de Dn Guillme Barthe, il convient que ces Dames s'éloignent un peu de la grande ville et aillent passer leurs vacances à la campagne.
D'un autre côté ma pauvre femme a besoin de repos et de tranquilité pour rétablir sa santé; tu la connais et tu penses bien qu'avec un si grand entourage et nos enfants qui vont sortir du collège, elle aurait dû se fatiguer beaucoup pour suffire aux besoins de tout le monde auxquels elle est obligée de pourvoir, comme si tout était de Jeunes enfants. Je ne suis pas faché par rapport a elle qu'elle puisse prendre les Eaux tranquilement.
Nos enfants sortent Lundi soir du collège et je pense que je pourrai les conduire avec leur mère Jusqu'à Mirande Mercredi où Jeudi prochain. Je les confierai là a nos bons amis Ducos qui les conduiront Jusqu'a Pontacq. Cécile aura besoin de quelques Jours à Mayrac pour mettre un peu d'ordre à nos affaires, car toutes ces circonstances nous ont forcés à abandonner le soin de nos récoltes à nos gens qui par parenthèze nous annoncent de bien tristes résultats alors que nous avions laissé nos récoltes en parfait état et qu'elles annonçaient d'être bonnes. Mais l'oeil du maitre y a manqué sans doute. Aussi nous reconnaissons chaque Jour que nous avons en tort de garder cette proprietaire et si nous trouvons à nous en défaire, comme ns en avons fait de St Léon, nous y sommes décidés pour nous remplacer plus à portée.
Je suis obligé de me trouver ici pour le 24 cnt Jour ou commence notre foire de la St Barthelemy; elle dure 8 Jours. Ce ne sera donc que vers les 1rs Jours de 7bre que je pourrai aller rejoindre ma famille soit à Pontacq soit à Cauterets. Si cécile peut se débarrasser plutôt des affaires de Mayrac, elle partira plutôt pour Cauterets avec les enfants, où j'espère qu'ils te trouveront rendu. Je te conseille pour ta santé a choisir plutôt Cauterêts que Bagnères, car pour tes Rhumatismes Bagnères ne te convient pas du tout. Quant a moi je me suis trouvé l'an der très bien de Cauterets. J'ai bien passé mon hiver et ce bien s'est soutenu. Je tiens donc à prendre de nouveaux ces Eaux pour me préparer à supporter la mauvaise saison.
Je pense donc que nous aurons le plaisir de nous retrouver ensemble à Cauterets, j'ai besoin de te voir et de causer avec toi. L'état pénible et facheux où se trouvent les affaires aigrit plus que jamais l'humeur de nôtre frère, il est contrarié de ne pouvoir suivre entièrement sa volonté et d'acheter à sa guise, malgré tous les renseignements défavorables qui nous arrivent de toutes parts; il ne peut pas supporter la moindre contrainte même celle qui compromettrait nos intérets et je crois que le moment est venu, quoique à mon grand regrêt, que nous devrons dissoudre notre société. il l'a demande avec instances et je veux la lui accorder, mais j'ai besoin de toi pour lui faire comprendre les conditions de notre police de société, dont il ne veut pas se rendre compte. il voudrait rompre subitement parce qu'il a les moyens d'agir immediatement et qu'il a en mains des fonds, que je lui ai faits pour mes affaires, bien ronds et bien liquides et au delà de ce qui lui appartient dans la société, tandis que je reste, moi, avec une lourde liquidon sur les bras se composant de Débiteurs qui pour le plus favorable ne peuvent rentrer que d'ici à la fin de l'année, de Marchandises, magasins &a &a Mais je ne lui en veux pas de cette prétention, je sais qu'il n'a pas appris autrement les affaires et qu'il a voulu toujours être maître de tous nos mouvements et d'une manière absolue. Tu penses bien que je suis disposé à faire tous les sacrifices possibles pour conserver notre amitié, malgré que sa position personnelle soit aussi avantageuse que la mienne où peut être meilleure, mais je tiens a ce qu'il comprenne par toi que si je lui fais des concessions il ne croye pas que c'etait un droit qui lui etait acquis. Je ne veux entre nous d'autres Juges que mes frères et je ferai pour lui tout ce qu'ils me conseilleront même s'il le faut à mon détriment. Ainsi tu vois que nous avons besoin de nous voir, mais je t'assure d'avance que je ne te donnerai pas la moindre peine. S'il ne veut pas se rendre a tes observations je suis prêt d'avance à souscrire à tout ce qu'il voudra, afin que un jour ou autre lui ou les siens puissent me rendre Justice et reconnaitre mon désinteressement.
Adieu cher frère il me tarde plus que jamais de te revoir et de t'embrasser comme je le fais ici de tout mon coeur

E. Fourcade

tout ceci dit entre nous.
Si tu crois qu'il vaille mieux attendre la [foire?] pour mes vaches, consulte toi avec Lavigne et fais pour le mieux.