Lettre de Gustave adressée à Henri d'Olce, élève au pensionnat de Fribourg (Suisse)

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Monsieur
Monsieur henri D'olce
élève au Pensionnat
Fribourg
Suisse




Tu étais bien triste mon pauvre henri quand tu nous a écrit ta dernière lettre, et cela est bien naturel tu ne devais gueres t'attendre à cette triste nouvelle, que la volonté de Dieu soit faite mon cher ami, lui seul connait notre heure qui sonnera bientôt, prions le qu'il nous trouve prêts à lui rendre bon compte des jours qu'il nous a donnés. En qualité de filleul ma grand mère m'a laissé un joli diamant monté en bague, j'y tiens d'autant plus qu'on a du lui enlever après sa mort elle le portait constamment depuis longues années, Elise de Roll a eu sa montre et des perles fines, Louise, une belle bague aussi en diamants, le mobilier est déjà partagé et la maison de Bayonne sera rendue à mme [Bour...] le deux février terme du Bail. Mme de Roll est morte a 67 ans, au même age que son mari, et tous deux ont été enterrés un jour de fête privilégiée, ou l'on n'a pas pu chanter de messe de morts. Je ne sais si je t'ai écrit que Mr Lesseps que tu as vu a biarrotte avec sa soeur mme Supervielle, est mort en revenant à metz, à Moulins ou il s'était arretté pour revoir d'anciennes connaissances. Monsieur Morancy vient aussi de perdre sa mère, et l'on ne voit plus dans le pays que des personnes en deuil. Mme de Laas a été un peu eprouvée par le chagrin elle a été saignée une ou deux fois. Mme et monsieur de Lalande ont eu aussi un bout de maladie, le tour de leur petit Dn Carlos est aussi arrivé, on a eu bien peur de le perdre St Taurin a veillé près de lui une ou deux nuits, j'ai écrit à ma tante aujourdhui pour en avoir des nouvelles.
Madame Loustaunau est très enrhumée hier en revenant de Ste Marie notre voiture a cassé près de Mansestat, il a fallu ficeler le ressort de derrière, et revenir au pas. Etienne Leopold et moi avons marché depuis la, il faisait nuit et froid et nous n'avions pas de manteau, je desire bien que ce soit la le dernier voyage de notre voiture avec nous, elle s'en va de tous côtés.
L'écurie va bien ma perruche approche de son terme et s'alourdit de jour en jour et je dis bien moult me tarde, au pas elle va bien encore. je pense qu'elle ira deux mois encore.
J'ai essayé de me faire chasseur, mais je ne puis me faire tireur, je n'ai pu rapporter que deux malheureuses bécasses, il est vrai de dire que mylord est un pauvre chien il y a des canards en quantité a voir je suis allé à l'affut de la bécasse au fond de la prairie une demi heure ou trois quart d'heure au plus et j'ai entendu tirer pendant ce temps la cent vingt et un coups de fusil sur lesquels un a moi adressé à des canards, le plomb était trop petit, j'ai mis le désordre dans leur rangs mais rien n'est tombé. Castor est à nous il commence à m'ennuyer, Leopold et Louis n'en disent pas autant.
Elisa et maman te disent mille choses, papa a jugé la semaine dernière les pâles humains à Mont-de marsan, il sera ici jeudi au plus tard.
On a eu des nouvelles d'Alexandre, il était encore prisonnier à Vittoria, une blessure assez [manque] a causé sa capture; cette canaille de christino l'avait mis nu comme un ver et lui avait tout volé, on fait grand éloge de son courage, il est officier. Une seconde expedition carliste est ou va se mettre en marche déja deux ou trois corps d'armée bien equipés ont passé l'ebre et s'avancent dans la castille. Dn Carlos suivra bientot avec le gros de l'armée qu'il doit commander en personne. Arthur restera encore dans ces provinces il est attaché à l'état major de Guipuzcoa, decoré depuis la bataille d'andouin et très content, de son sort.
dis mille choses à tous ceux qui peuvent m'avoir connu maitres ou élèves, je te recommande surtout Mr Bouix qui est non seulement une connaissance, mais encore un compatriote c'est un motif de plus pour ne pas l'oublier adieu cher frère

Gustave

15 Janvier 1838.