Lettre de Jean Burgué adressée au baron de Gayrosse, conseiller au Parlement de Pau (64)

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A Monsieur
Monsieur le Baron de Gayrosse
Conseiller au Parlement de
Pau



St Jn De Luz le 7 Fever 1789.

J'ay reçu, Mon cher Baron, vôtre Lettre du 2 de ce mois, j'y reponds que vôtre beau Pere passa avant hier par ici, avec Henry, pour se rendre a St Sebastien, & quoique je pense, comme vous, qu'il ne faira rien qui puisse convenir, j'en suis toujours enchanté, attendu qu'au moins telle chose qu'il arrive, il ne sera jamais declaré pour Banqueroutier fugitif, & frauduleux, comme il l'aurait été infailliblement s'il se fut obstiné a ne vouloir pas venir.
Je vois la nouvelle qu'Henry vous a donnée de la remise de 50 mille Livres que l'on a faite de la Havanne en Lettre de change. Je ne suis pas du tout etonné qu'il me l'aye caché, etant accoutumé a ce qu'on en agisse toujours de même vis a vis de moi, malgré mon penchant naturel pour favoriser, & faire du bien, autant qu'il est en mon pouvoir. il ne m'en a pas dit un seul mot, ni a l'allée, ni au retour, ce qui est d'autant plus inconcevable, que vous vous rapelerés trés bien, qu'il vous a dit plusieurs fois en ma presence, Lorsque vous etiés ici, que vôtre beau Pere avait sa tête detraquée, & qu'il ne savait absolumt point ce qu'il se faisait. Je lui avais pareillemt remis une copie du Plan que je vous ay fait passer, & l'ayant trouvé trés bien conçu, il m'avait promis qu'il fairait tout son possible pour engager son oncle a le suivre, vû qu'il n'y avait d'autre moyen pour pouvoir empecher sa faillite, il semblerait donc d'aprés tout cela, & sachant les efforts que je fais pour tacher d'eviter ce desastre, qu'il m'eut consulté sur cette remise, & la destination qu'il aurait pû convenir de lui donner ce qu'il n'a pas cependant Jugé a propos de faire. vous allés encore être bien plus etonné de son procedé Lorsque vous saurés ce que J'ay voulu faire pour lui. vous savés qu'il a accepté a M Lamothe pour compte de la maison de son oncle des lettres de change pour la somme d'environ 10. mille Livres, Comptant qu'il les payerait au moyen des dix mille Piastres qui etoient attendues de la Havanne. comme les Piastres ne paraissoient point, & que ses acceptations aprochoient de leur echeance, il etait dans la desolation, & m'écrivait continuellemt qu'il n'avait dans ce monde d'autre ressource que la mienne pour pouvoir se Liberer de cet engagement. touché de son afflection, je lui dis que je n'avais point d'argent, mais que trés volontiers je donnerais pour lui a Mr Lamothe une petite maison que J'ay a Cadix qui vaut mieux de cette somme, pour qu'il l'a fit vendre, & se payat, ou qu'a defaut je lui donnerais pour mon compte particulier un mandat sur mon frere Jn Pre. je lui reiterais ceci le même jour qu'il passa pour Lasseube, en presence de l'ecrivain son frere, or si malgré tout cela, il a eu le courage d'en agir aussy indignement qu'il l'a fait, je dois presumer qu'il ne conseillera rien de bon a son oncle, il ne serait même pas venu me voir au retour si son frere, qui le rencontra dans la rue tout seul, ne ly eut engagé. Je fais même reflexion dans ce moment que lorsqu'il passa, il ne cessait de me dire que nonobstant tout ce que je faisais, je ne pourrais Jamais empecher sa faillite. J'avais beau lui representer qu'en suivant mon Plan cela etait possible, mais tout etait inutile, & il soutenait si fermement le contraire qu'il semblerait qu'il n'en serait pas faché, & comme je ne compte plus sur lui pour rien, je me decidais a la reception de votre Lettre de comuniquer mon Plan a M Lamothe qui l'ayant aprouvé comme faira tout homme sensé partit hier matin pour St Sebastn pour tacher d'engager vôtre beau Pere a le suivre; je desire de toute mon ame qu'il reussisse puisqu'il fairait le bonheur de tous. Je vous informeray par ma premre du resultat en attendant je vous embrasse de tout mon Coeur

Jean Burgué



Du 7 fevrier 1789
Lettre de Mr Burgué ainé
St Jn de Luz.