Lettre de M. Seignouret adressée à Albert Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40)

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Monsieur Albert Lajard.
à Aire sur l'Adour.
(Landes) Aire sur l'Adour



Mon cher Albert,

Si tu t'adresses des reproches, je m'en fais bien davantage de n'avoir répondu plus promptement à ta première épître dont je te remercie; mais j'ai une excellente excuse, que tu ne pourras t'empêcher d'accepter, c'est le départ de Tante Fanny. Oui, cette bonne tante, nous a quittées la semaine dernière. Comme tu le comprendras facilement, ça n'a pas été sans regret de part et d'autre: nous la trouvons bien à dire, je l'assure.
Je suis enchantée d'avoir bien réussi à assortir les soies; mais je t'avoue que c'est avec l'aide de Maman.
Tu me demandes de nos nouvelles. Je suis heureuse de pouvoir t'en donner de bonnes: il y a quinze jours, mon cher Albert, je n'aurais pas osé t'en envoyer d'aussi rassurantes. Noémi nous a occasionné de bien grandes inquiètudes et quant à elle, ses larmes ne tarissaient pas: Juge de notre peine ! on a craint qu'elle ne fût blessée. Le repos qu'elle a pris pendant vingt jours consécutifs a fait cesser nos craintes. Depuis huit jours elle va et vient dans la maison, et se dispose à sortir sous-peu.
Comment oses-tu te laisser gagner par la paresse ? oh ! le vilain défaut ! tu n'as pas l'air de t'en affliger beaucoup. Je me garderai bien de t'accorder le pardon que tu me demandes: il faut d'abord que tu aies la volonté de te corriger; et tu me parais peu dans cette bonne disposition.
Marie est depuis Pâques installée à Mérignac, où ses enfants se plaisent encore mieux qu'à Champ fleury. La nature est si belle qu'on est heureux de pouvoir admirer les tableaux si variés, qu'elle offre dans ce moment; Je ne puis croire que tu te contentes d'examiner de ta fenêtre les progrès de la campagne. Tu fais sans doute de fréquentes promenades, car ton amour pour la solitude doit te faire trouver un charme infini à cet exercice salutaire. Nous avons reçu une lettre de Mr Talleau qui nous annonce que Jules arrivera Lundi ou Mardi prochain, son congé ne sera pas long cette année; il ne restera que quatorze jours auprès de sa mère. Georges est parti ce matin pour Paris.
Adieu, mon cher Albert, fais-toi un peu de violence; surmonte ta paresse; écris-nous souvent. Rappelle-nous au bon souvenir de toute la famille.
Maman et Noémi me chargent de te dire mille choses aimables.

Ton affectionnée cousine,

M. Seignouret.
Enft de Marie.

Bordx le 2 Mai 1863.