Lettre de Sidonie adressée au baron de Cardenau, à Paris (75)

Archive privée inédite
  • Date: 14/07/1845
  • Lieu: Tilh (40)

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Monsieur Le Baron de Cardenau Rue de Seine 32.
Paris



Tilh 14 Juillet 1845.

Je n'ai pas encore reçu, mon cher Alexandre, ta réponse à ma dernière lettre j'espère qu'elle ne tardera pas d'arriver. Il nous tarde de savoir si le mandat sur la poste et la lettre de change te sont parvenus. Je pense que tu tiens nôte exactement de l'argent que tu reçois je te recommande d'être bien économe car le numéraire est rare et nous t'envoyons tout ce que nous pouvons. Je suis surprise que Madame Péborde ne revienne pas! cependant je suppose qu'elle voudra être à habas pour la récolte du froment et on le coupera probablement avant quinze jours. Mr Péborde nous montra dernièrement une lettre de son fils et de sa belle fille dans laquelle ils disaient qu'ils ne tarderaient pas tous les trois de revenir dans le pays. est-ce que la belle fille a renoncé de rester à Paris jusqu'après ses couches ?
Nous pensons bien souvent à l'examen que tu dois subir sous peu de temps je pense que tu te prépares sérieusement. il faut bien te garder de voir d'une manière superficielle les matières de ton examen car tu pourrais t'y tromper et échouer par le manque d'une étude approfondie. Le répétiteur que tu as pris doit te faciliter le travail mais tu ferais fort bien et je t'y engage très fort de voir souvent Mr Laburthe qui te donnerait de bons conseils et qui outre son savoir sur cette matière te porte de l'interêt ce qui fera qu'il t'aidera de tout son pouvoir de ses connaissances en Droit, et de ses avis expérimentés. ainsi malgré que vous soyez logés assez loin l'un de l'autre je te recommande expressément de le voir; car je suis bien persuadée qu'il y aura avantage pour toi.
Noëmi nous a quittés mardi dernier. Eugène devait t'écrire pour te charger d'une commission je présume que tu as déjà reçu sa lettre. Noëmi me dit que Mr Gontran de Cornulier à été lui porter de tes nouvelles avec beaucoup d'empressement.
Nous avons appris indirectement qu'Auguste est de retour dans le pays. Comme nous n'avons reçu aucune lettre de lui, nous pensons qu'il va venir nous voir sans tarder; d'autant que ma tante nous avait promis que Berthe viendrait ici dès l'arrivée de son frère nous comptons qu'elle tiendra parole.
Le gal de Behr écrit a son fils qu'il y a fort longtemps qu'il ne t'a vu et il s'en plaint en quelque sorte. tu as tort de négliger tes connaissances car quoique la préparation de ton examen doive t'occuper beaucoup on trouve toujours un moment pour remplir aux devoirs de société. hâte toi donc d'aller lui faire une visite pour réparer ta négligence passée et si tu as commis la même faute vis-à-vis la famille D'haringue empresse toi aussi de leur rendre visite. tu ne m'as jamais dit si tu étais allé voir Mme de St Julien ? J'espère que dans ta prochaine lettre tu me diras que ces visites ont été faites. Mme de Behr est attendue bientôt à gamarde elle doit être marraine du petit garçon que vient d'avoir son fils.
Aies soin de remarquer quel genre de chemise est le mieux porté. Nous serions bien aises de connaitre quelque nouvelle mode afin de ne pas faire tes chemises toujours de la même manière. ta réponse pour la commission dont tu es chargé auprès de Mr D'Etchegoyen est impatiemment attendue; on nous demande à chaque instant si nous avons eu de tes nouvelles. Je te préviens que notre Député ne tardera pas à quitter Paris ainsi pour peu que tu tardes de te présenter chez lui; tu le trouveras parti. exécute toi donc au plutôt.
Lorsque tu étais ici, tu avais sans doute entendu parler d'un homme que l'on soupçonnait avoir été enterré sur la Lande de Mouscardès près de notre grand marais Il paraît que maintenant on a quelques indices là dessus car un grand nombre de témoins ont été appelés à déposer sur cette affaire devant le juge de paix. Celui que le bruit public désigne comme l'assassin est un nommé Nogués de mouscardés. mais jusqu'à présent il n'y a eu encore aucune arrestation de faite Comme cet homme a été enterré si près d'ici cette affaire nous intéresse et s'il en vaut la peine je te tiendrai au courant. Maman te dit bien des choses.
Adieu mon cher frère, je t'embrasse du fond du coeur et il nous tarde beaucoup d'avoir de tes nouvelles

toute a toi

Sidonie

Ne nous oublie pas auprès des Dames Péborde.
écris moi promptement