Lettre de Venance adressée à Mme de Castarède, au château de Taillefer

Archive privée inédite
  • Date: 07/01/1851
  • Lieu: Bayonne ? (64)

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Basses Pyrénées.
Madame de Castarède
Au château de Taillefer
Près Pau.



Ce Mardi soir.

Je ne m'exposerai pas une seconde fois, chère tante, à vous laisser faire mille conjectures sur mon silence. Je viens donc en [abrupte?] vous remercier de votre lettre & solliciter de votre amabilité une nouvelle réponse; comment, vous me faites venir l'eau à la bouche, vous me promettez mille petites historiettes & au moment critique Vous me laissez en suspens & me faites espérer qu'un autre jour vous reprendrez le cours de vos mémoires! ayez donc, chère tante, quelque pitié pour un pauvre neveu dont pas une soirée n'est égayée par une fête. Bayonne est mort. le départ du Général de Division a fait cesser les seules réunions qui eussent lieu dans ce triste séjour, & cependant dieu sait si ces soirées de Commande Etaient gaies! ecrivez moi donc je vous en prie & qu'une longue & charmante missive de votre main Vienne momentanément rompre le Cours de ma monotone existence.
Permettez moi, ma bonne tante, de refuser les gracieux reproches que vous me faites au sujet de ma Caisse musicale. cela n'en vaut pas la peine, il n'y a qu'une circonstance qui pourrait me les faire accepter sans murmures ce serait celle ou ma Chère petite soeur aurait de l'ennui a déchiffrer tout ce fatras là. le fait est que la Chose est possible Je dirai même probable. enfin qu'elle me pardonne en faveur de l'intention comme je le lui disais, Je crois, l'autre jour. pour ce qui est de la ravissante petite breloque que me destinait Ermecinde J'ai le regret de dire que Je ne sais à qu'elle époque j'aurai le bonheur de l'aller chercher. Mais, pour le moment Je suis cloué à Bayonne pour quelques semaines sans pouvoir en bouger. après l'absence que Je viens de faire Il me faut un peu arrêter & fixer mon humeur Voyageuse. Si je n'ecoutais que mon Coeur, J'aurais, chère tante, pris la place de cette lettre et été vous embrasser à Taillefer, malheureusement ce n'est qu'un désir bien Vif que Je ne puis réaliser dans tous les cas, ma bien chère tante, soyez sûre qu'a moins d'une des trois Circonstances que Vous me signalez dans votre lettre, Je ne quitterai pas ce pays ci sans avoir été vous redire combien J'ai été heureux de devoir, à mon séjour à Bayonne, le bonheur d'avoir connu les chers habitants du coteau. J'en conserverai toujours un bien tendre souvenir & serai heureux de toute occasion qui me rapprochera d'eux ou me mettra à même de leur redire ma tendresse. Je vous vois d'ici toute étonnée de ce que Je viens de Vous dire & en effet Je le conçois à merveille. Vous me croyiez peut être encore pour longtemps un habitant de vos belles & chères pyrénées. Eh bien non, chère tante, Je fais infidélité à ces belles montagnes & leur dirai un long adieu au mois de mars probablement. Peut être un peu plus tot, peut être plus tard Je n'en sais rien encore. mais enfin bien certainement Je ne passerai pas ici plus de deux ou trois mois. J'ignore le lieu ou J'irai car ce n'est point encore fixé mais ce sera toujours à une assez faible distance de paris.
Ma gracieuse soeur avait une commission à me donner. Je regrette de ne pouvoir la lui rapporter moi même mais que ce ne soit point un empêchement à ce qu'elle se serve de moi. elle me trouvera toujours prêt à lui être agréable. J'espère donc chère & bonne tante, que votre prochaine lettre me dira ce que J'ai a faire dans cette circonstance. Je ferai de mon Mieux pour m'acquitter fidèlement de ce qu'on m'ordonne de faire.
Adieu, ma bien chère tante, Je vous prie d'etre auprès de toute votre charmante & bonne famille l'interprête de mes sentiments bien affectueux. - Je vous embrasse de tout Coeur

Venance.