Lettre de B. Clamouse adressée à Mme Lapene Soubiran, à Labastide-d'Armagnac (40)

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França
A Madame
Madame Lapene Soubiran
A la Bastide d'Armagnac
Mont-de-Marsan



Lisbonne le 18. Janver 1791.

Madame, et tres chere Cousine

Je vois par votre Lettre du 2 xbre, le deceds de Madame de Soubiran, votre belle Mere. Il m'est trés aisé de concevoir vos justes regrets de sa perte, et combien elle est sensible à son fils, votre cher Epoux; et à Mr son Pere. Je vous prie tous de recevoir de ma part, les sentiments d'un Parent qui s'interesse à tout ce qui vous regarde. Nous devons nos prieres à son Ame, & je me fais un devoir de m'en souvenir. Vous trouverés de moins cette compagnie, qui partageait avec vous les soins d'un Menage; j'en sens tout le desagrêment depuis la perte de ma soeur.
Le 14. xbre j'eus le plaisir de vous êcrire, et comme je me persuade que vous aurés reçu ma Lettre, je ne repete pas les diverses questions que je vous faisais concernant votre Epoux. Je vois par les papiers publics qui nous viennent regulierement tous les Couriers de Paris, qu'il y a encore beaucoup à faire pour raprocher les Esprits, & atteindre à la tranquilité si desirable pour ce beau Royaume de France. Je m'estime heureux d'être icy.
Votre chere Maman, ma fait l'amitié de m'êcrire le 15. xbre, je me propose de lui repondre au premier moment de loisir. Cette aimable Dame est à plaindre de ce que sa sensibilité l'emporte sur la reflexion, qui nous oblige à nous soumettre aux Decrèts de la divine Providence. Vous etiés sa consolation, et elle n'en trouvera pas ailleurs; pour moi, j'en trouve, lorsque je vois que nous suivons le cours de la Nature, & que nous voyons nos Decendants satisfaits de leur sort.
Je vois avec plaisir que mon Fileul, commence à correspondre à votre attente; et ce que vous me dites à son égard me persuade que par la suitte, vous en aurés toute la satisfaction, qu'un Pere, & une Mere tendre peuvent desirer; et je prie le seigneur qu'il exauce vos voeux à son egard.
J'ai fait part de vos obligeants souvenirs à Mr Ratton, et à son Epouse, et je me suis acquitté avec bien du plaisir, de l'embrassade aux chèrs Orphelins; ils commencent à sentir qu'on peut avoir des Parens dans la distance qui nous separe. On leur donne les premiers Elements de la Geographie, ils sont deja forts dans l'Arithmetique, & nous nous flattons quils repondront a notre attente.
Je regrete de ne pouvoir pas ecrire de ma propre main;
Je vous prie de recevoir ma tendre affection et le parfait devouement avec le quel je suis de Coeur

Madame et tres chere Cousine

Vostre tres hum. & obt
serviteur

B. Clamouse

Cest hiver m'est favorable
je me porte pasablement bien et mon asme me persecute moins;