Lettre de Gustave L. adressée à A. Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40)
Archive privée inédite
- Date: 22/11/1864
- Lieu: Bordeaux (33)
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[La transcription peut comporter des erreurs]
Monsieur
Monsieur A. Lajard
à Aire s/ Adour
( Landes )
Bordeaux 22 9bre 1864.
Depuis quelques jours, mon cher Albert, j'avais formé le projet de répondre à la lettre que tu m'as fait l'amitié de m'adresser en date du 18 Octobre que bien certainement tu as dû supposer s'être égarée; mais quelques occupations par suite de mes expéditions de cette époque et peut-être, il faut l'avouer, un peu de paresse également m'ont empêché de satisfaire à ce désir; tu vois par l'aveu que je te fais que tu n'es point le seul possesseur de ce péché capital dont j'aurai beaucoup de peine à me séparer. Le silence trop prolongé que j'ai gardé à ton égard n'a donc pas été provoqué par un état de souffrance de ma part, et quoique j'en soie plus coupable, j'espère que tu ne m'en voudras de me féliciter qu'il en ait été ainsi.
J'apprends avec peine que de nouveau il t'a fallu recourir au docteur pour tes paupières qui depuis assez long tems déjà te font souffrir; il faut espérer que ce sera pour la dernière fois et tu peux être assuré que je le desire sincèremt par l'affection que je te porte; cette indisposition a pris naissance à ne pas en douter à la suite d'un travail prolongé à la lumière qui fatigue toujours beaucoup même quand on a le privilège de la jeunesse. Quant à moi il me serait même presque impossible de lire long temps et à plus forte raison d'écrire puisque je griffonne en plein jour, mais il est vrai que je suis parvenu à un âge éloigné de la jeunesse.
Enfin après avoir espéré et désespéré plusieurs fois de traiter la grande affaire qui fait naturellement l'objet d'une partie de tes voeux, je vois avec satisfaction que sans être assurément et malheureusement près de se réaliser, elle est cependant en bonne voie, si ce n'était de la crise financière dont tous les banquiers ont à souffrir, il est fort possible que les études que Messrs P. se proposent de faire faire aient déjà eu lieu; prends donc patience encore puisque tu as tant attendu et surtout ne néglige pas Mr Lefranc quoiqu'il soit lui même intéressé à la conclusion de cette affaire, ce qui est un grand point pour vous, car tu le sais on pense généralement plutot à soi qu'aux autres.
La pauvre Mademoiselle Roussel dont j'avais appris par toi la folie et ensuite par Madame de Puyjalon le transfert à Paris dans une maison de santé vient parait-il d'y finir ses jours; elle avait d'après ce que j'ai entendu dire la manie du suicide, il est donc possible que la pauvre fille se soit détruite elle même par la crainte qu'elle avait de passer entre les griffes du démon. Je ne crois pas que Mr B. ait le plus petit reproche à se faire car c'est un prêtre qui ne ressemble en rien à certains de ses confrères qui malheureusemt ne comprennent pas la religion comme lui.
L'Acquéreur de la maison de ferdinand s'est exécuté pour une portion beaucoup plus tot qu'ils le supposaient l'un et l'autre; ce dernier est actuellement en possession d'une somme de 75000 ou 80 Mille francs que par une idée fixe il ne veut plus placer qu'en rente 3 %; il est vrai qu'il pourrait faire plus mal puisqu'elle est à 65 et que certainement elle ne restera pas à un taux aussi bas, ce qui plus tard lui permettra de réaliser un bénéfice peut-être d'une importance raisonnable. Une visite qui lui a été faite tout récemment par son cousin felix de Paris qui est parti pour Alexandrie pour y refaire fortune l'a réconcilié avec Roger chez lequel il a diné l'autre jour; peu à peu il finira par voir toute la famille avec laquelle le fameux mariage l'avait brouillé. Lorsque je le verrai ce qui ne peut être long, puisqu'il vient presque chaque jour au bureau, je m'acquitterai de ta commission en lui faisant tes compliments. Il est toujours propriétaire de la campagne et quoiqu'il ait des espérances pour en opérer la vente dit-il, il est probable qu'il la gardera jusqu'au printemps prochain, l'époque étant peu favorable pour qu'il puisse s'en défaire avec avantage et tu sais qu'il n'aime pas à faire de sacrifice.
Pas plus que toi je n'ai pu faire le voyage de la Léotardie pendant que Clarisse avait ses enfants auprès d'elle; je devrais dire ceux de Charles, car Edouard et Mathilde y sont toujours et pendant quelque temps si toutefois ils tiennent la promesse qu'ils ont faite aux parents; ils ont tous les quatre le projet de venir à Bordeaux pour le baptême de la petite fille de Jules; mais pour cela il faudra que la famille Collinet qui est à la Léotardie retourne à Paris; il n'y a donc pas pour le moment d'époque fixée pour cette cérémonie.
Toute la famille de Puyjalon est rentrée de Lort hier qu'elle regrettait de quitter quoique assurément elle n'y fut pas agréable depuis 8 jours; le motif qui les a fait revenir est le retour de Mme Bordes qui est revenue à la santé, parait-il, puisque je ne l'ai pas vue, malgré les 86 ans dont elle est affligée; plus favorisée que d'autres qui étaient bien moins agées, elle a été assez heureuse pour échapper au naufrage.
Je comprends sans peine que l'aspect de Verlus ne soit pas actuellement aussi riant qu'à l'époque à laquelle nous fîmes ensemble le voyage quoique toutefois la campagne laissât alors à desirer par suite de deux ou trois mois de sécheresse et de fortes chaleurs; je suis donc persuadé que si tu quittes tes pantoufles et le coin de ton feu qui a pour toi le même attrait que pour moi-même, ce sera plutot par nécessité que par agrément.
Puisque tu ne me parles pas par ta lettre que j'ai reçue ce matin de la santé de ta tante, je me plais à penser qu'elle est satisfaisante; je desire sincèrement qu'il en soit ainsi et en lui faisant mes amitiés, je te prie de le lui dire; sois égalemt assez bon pour ne m'oublier pas plus près de ton père que de tes oncles, et reçois, mon cher Albert, l'assurance de l'affection que te porte ton griffonneur de cousin qui réclame toute l'indulgence dont il te sait disposé à son égard.
P. S. Souvenir de tous et pour tous. Lili à Malleret pour qq jours encore.
Monsieur A. Lajard
à Aire s/ Adour
( Landes )
Bordeaux 22 9bre 1864.
Depuis quelques jours, mon cher Albert, j'avais formé le projet de répondre à la lettre que tu m'as fait l'amitié de m'adresser en date du 18 Octobre que bien certainement tu as dû supposer s'être égarée; mais quelques occupations par suite de mes expéditions de cette époque et peut-être, il faut l'avouer, un peu de paresse également m'ont empêché de satisfaire à ce désir; tu vois par l'aveu que je te fais que tu n'es point le seul possesseur de ce péché capital dont j'aurai beaucoup de peine à me séparer. Le silence trop prolongé que j'ai gardé à ton égard n'a donc pas été provoqué par un état de souffrance de ma part, et quoique j'en soie plus coupable, j'espère que tu ne m'en voudras de me féliciter qu'il en ait été ainsi.
J'apprends avec peine que de nouveau il t'a fallu recourir au docteur pour tes paupières qui depuis assez long tems déjà te font souffrir; il faut espérer que ce sera pour la dernière fois et tu peux être assuré que je le desire sincèremt par l'affection que je te porte; cette indisposition a pris naissance à ne pas en douter à la suite d'un travail prolongé à la lumière qui fatigue toujours beaucoup même quand on a le privilège de la jeunesse. Quant à moi il me serait même presque impossible de lire long temps et à plus forte raison d'écrire puisque je griffonne en plein jour, mais il est vrai que je suis parvenu à un âge éloigné de la jeunesse.
Enfin après avoir espéré et désespéré plusieurs fois de traiter la grande affaire qui fait naturellement l'objet d'une partie de tes voeux, je vois avec satisfaction que sans être assurément et malheureusement près de se réaliser, elle est cependant en bonne voie, si ce n'était de la crise financière dont tous les banquiers ont à souffrir, il est fort possible que les études que Messrs P. se proposent de faire faire aient déjà eu lieu; prends donc patience encore puisque tu as tant attendu et surtout ne néglige pas Mr Lefranc quoiqu'il soit lui même intéressé à la conclusion de cette affaire, ce qui est un grand point pour vous, car tu le sais on pense généralement plutot à soi qu'aux autres.
La pauvre Mademoiselle Roussel dont j'avais appris par toi la folie et ensuite par Madame de Puyjalon le transfert à Paris dans une maison de santé vient parait-il d'y finir ses jours; elle avait d'après ce que j'ai entendu dire la manie du suicide, il est donc possible que la pauvre fille se soit détruite elle même par la crainte qu'elle avait de passer entre les griffes du démon. Je ne crois pas que Mr B. ait le plus petit reproche à se faire car c'est un prêtre qui ne ressemble en rien à certains de ses confrères qui malheureusemt ne comprennent pas la religion comme lui.
L'Acquéreur de la maison de ferdinand s'est exécuté pour une portion beaucoup plus tot qu'ils le supposaient l'un et l'autre; ce dernier est actuellement en possession d'une somme de 75000 ou 80 Mille francs que par une idée fixe il ne veut plus placer qu'en rente 3 %; il est vrai qu'il pourrait faire plus mal puisqu'elle est à 65 et que certainement elle ne restera pas à un taux aussi bas, ce qui plus tard lui permettra de réaliser un bénéfice peut-être d'une importance raisonnable. Une visite qui lui a été faite tout récemment par son cousin felix de Paris qui est parti pour Alexandrie pour y refaire fortune l'a réconcilié avec Roger chez lequel il a diné l'autre jour; peu à peu il finira par voir toute la famille avec laquelle le fameux mariage l'avait brouillé. Lorsque je le verrai ce qui ne peut être long, puisqu'il vient presque chaque jour au bureau, je m'acquitterai de ta commission en lui faisant tes compliments. Il est toujours propriétaire de la campagne et quoiqu'il ait des espérances pour en opérer la vente dit-il, il est probable qu'il la gardera jusqu'au printemps prochain, l'époque étant peu favorable pour qu'il puisse s'en défaire avec avantage et tu sais qu'il n'aime pas à faire de sacrifice.
Pas plus que toi je n'ai pu faire le voyage de la Léotardie pendant que Clarisse avait ses enfants auprès d'elle; je devrais dire ceux de Charles, car Edouard et Mathilde y sont toujours et pendant quelque temps si toutefois ils tiennent la promesse qu'ils ont faite aux parents; ils ont tous les quatre le projet de venir à Bordeaux pour le baptême de la petite fille de Jules; mais pour cela il faudra que la famille Collinet qui est à la Léotardie retourne à Paris; il n'y a donc pas pour le moment d'époque fixée pour cette cérémonie.
Toute la famille de Puyjalon est rentrée de Lort hier qu'elle regrettait de quitter quoique assurément elle n'y fut pas agréable depuis 8 jours; le motif qui les a fait revenir est le retour de Mme Bordes qui est revenue à la santé, parait-il, puisque je ne l'ai pas vue, malgré les 86 ans dont elle est affligée; plus favorisée que d'autres qui étaient bien moins agées, elle a été assez heureuse pour échapper au naufrage.
Je comprends sans peine que l'aspect de Verlus ne soit pas actuellement aussi riant qu'à l'époque à laquelle nous fîmes ensemble le voyage quoique toutefois la campagne laissât alors à desirer par suite de deux ou trois mois de sécheresse et de fortes chaleurs; je suis donc persuadé que si tu quittes tes pantoufles et le coin de ton feu qui a pour toi le même attrait que pour moi-même, ce sera plutot par nécessité que par agrément.
Puisque tu ne me parles pas par ta lettre que j'ai reçue ce matin de la santé de ta tante, je me plais à penser qu'elle est satisfaisante; je desire sincèrement qu'il en soit ainsi et en lui faisant mes amitiés, je te prie de le lui dire; sois égalemt assez bon pour ne m'oublier pas plus près de ton père que de tes oncles, et reçois, mon cher Albert, l'assurance de l'affection que te porte ton griffonneur de cousin qui réclame toute l'indulgence dont il te sait disposé à son égard.
Gustave L.
P. S. Souvenir de tous et pour tous. Lili à Malleret pour qq jours encore.
- LAJARD Albert
- ( - >1891 Aire-sur-l'Adour ? )
- LAJARD Gustave
- ( - >1866 Bordeaux ? )
Lettre de Gustave adressée à A. Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40) Archive privée inédite
Date: 08/03/1863
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Date: 26/01/1864
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Date: 20/08/1864
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Date: 29/12/1864
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Bordeaux
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Date: 07/04/1865
Lieu(x):
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Date: 02/05/1865
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Bordeaux
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Lettre de Gustave L. adressée à A. Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40) Archive privée inédite
Date: 03/01/1866
Lieu(x):
Bordeaux
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Lettre de G. L. adressée à Albert Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40) Archive privée inédite
Date: 02/04/1866
Lieu(x):
Bordeaux
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