Lettre de Gustave L. adressée à A. Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40)

Monsieur
Monsieur A. Lajard
à Aire s/ Adour
( Landes )

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Bordeaux le 29 Dbre 64.


J'ai sous les yeux ta dernière du 25 Ct par laquelle j'apprends avec satisfaction que le silence que tu as gardé pendant quelque temps à mon égard n'a eu d'autre motif que la saison dans laquelle nous nous trouvons qui naturellement rend les doigts plus rebelles au travail; quant à moi qui à aucune époque de l'année n'ai la prétention d'écrire avec facilité, je m'aperçois aujourd'hui plus que jamais que je ne suis qu'un mauvais écrivain, car malgré tout le desir que j'ai de bien faire, je doute que tu puisses me lire; aussi je te vois dans l'obligation de me deviner, ce que tu pourras faire au coin du feu qui par le temps qu'il fait est la place privilégiée. Quant à moi depuis quelques jours je me brûle les jambes au moins 20 fois pendant 24 heures ou plutot pendant 15 puisque j'en passe au moins 9 au lit.
Ferdinand que je vois presque chaque jour au Comptoir ne m'a point fait part jusqu'à présent de ses espérances pour l'avenir; s'il en est ainsi, je doute fort pour lui qu'il les voie se réaliser, car ainsi que tu le dis si l'une des parties possède ce qu'il faut pour parvenir à la reproduction, il est à craindre qu'il n'en soit pas de même de l'autre; cependant il ne faut pas désespérer de la providence qui fait parfois des choses extraordinaires.
J'ai vu hier l'ami Rambaud qui par exception était sans client et m'a retenu pendant plus de 1/2 heure pour me faire une futile quittance; il mettait en ordre une foule de papiers qui étaient épars dans son immense étude et me paraissait avoir oublié déjà la mort du pauvre Mocquard qui quoique haut placé ne lui avait jamais rendu je pense le plus léger service, car il n'était pas obligeant de sa nature; il est vrai qu'il était souvent occupé d'affaires sérieuses et aussi fort légères quelque fois.
Mrs & Mmes Geynet doivent venir à Bordeaux pour le baptême de la petite fille du 15 au 25 Janvier d'après ce que j'ai entendu dire, mais il n'y a rien de positif encore; cette dre date est pour moi un triste anniversaire que je n'oublierai pas de long temps hélas !
Ne néglige pas Mr Lefranc pour la réalisation de l'affaire qui te préoccupe à un si haut point et qui doit te rendre ta liberté une fois conclue; en attendant que je puisse te féliciter à cet égard, permets moi de t'offrir ainsi qu'à toute la famille nos souhaits de bonheur à l'occasion du renouvellement de l'année dont nous ne sommes plus séparés que par deux jours, et crois moi pour la vie