Lettre de G. Lajard adressée à A. Lajard, à Aire-sur-l'Adour (40)

Monsieur
Monsieur A. Lajard
à Aire
( Landes )

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Bordeaux 7 Avril 1865.

Mon cher Albert.

Je suis en possession de ta lettre du 2 Ct par le contenu de laquelle je vois que tu as parfaitement fait ton petit voyage; certainement je n'étais nullemt inquiet de ton silence de quelques jours, mais ainsi que tu le peux supposer, j'ai été heureux de recevoir de tes nouvelles. J'ai été peiné d'apprendre l'indisposition dont a été atteint Mr Gustave Doris peu après sa rentrée à Aire, mais grâce aux soins qui lui ont été prodigués par ta tante qui, d'après ce que je t'ai entendu dire, s'y entend parfaitement, il n'y paraît plus rien. Comme tous les hommes je vois qu'il n'était pas facile à soigner.
Mr & Made Geynet ont prolongé au delà de mes espérances leur visite à Bordeaux; ils n'ont quitté le chapeau Rouge que lundi soir à 6 heures et le premier n'a été que peu fatigué par le voyage d'après ce que la chère Clarisse a écrit à Irène; ils attendent Lili à La Léotardie la semaine prochaine mais comme elle ne se déplace que difficilement et qu'elle est toujours fatiguée, elle pourrait bien ne pas être de la plus grande exactitude & différer de quelques jours.
Puisque tu t'es abstenu jusqu'à présent de parler à ton père des propositions de Mr Charles Doris, je ne mets pas en doute que tu renonces à tout jamais à une carrière qui assurément pourrait te conduire à la fortune si tu avais de la chance, mais qui d'un autre côté aussi pourrait compromettre une position acquise par ton père à la suite de longues années de travail & de privations. L'Exemple des Nord de L'Espagne pourra te servir de guide lorsque ton cousin reviendra à la charge, et certainement il aura quelque influence sur ta décision.
Le bilan du Crédit Mobilier n'est pas plus favorable aux porteurs d'actions qu'à l'affaire qui est l'objet de toutes tes préoccupations depuis quelques années, aussi pour le moment je ne crois pas qu'une lettre de toi à Mr Lefranc soit opportune; il faut attendre des temps plus prospères pour les Peireire.
Que penses-tu de ce changement subit de la température ? Il doit être favorable pour les travaux de Verlus dont ton père t'entrenait pour te rappeler auprès de lui, mais il en sera peut-être de la campagne comme de l'affaire de Bayonne.
J'ai pris note de la B/que vin que tu me demandes; mais un peu pressé par nos clients à qui nous avons quelques expéditions à faire, je réclame un peu de patience de ta part.
Comme toi j'ai été surpris d'apprendre la mort de cette pauvre Made Anthony dont j'ignorais même la maladie; hélas il faut peu de tems pour nous expédier !
Adieu, mon cher ami, charge toi pour toute la famille, de mes affectueux compliments & crois moi pour toujours ton tout dévoué